Les Arts Magiques ont tous pour finalité de provoquer des changements, internes ou externes, en accord avec la volonté de l’opérateur, en utilisant les méthodes qui, pour la majorité des gens, resteront toujours ésotériques. Pour simplifier les choses, nous pourrions dire que provoquer ces changements demande avant tout une authentique et puissante volonté. Grâce à cette volonté, le magicien peut créer en lui-même son propre réservoir d’énergie vitale et occulte qui sera toujours étroitement lié à son esprit. Modelée par la volonté, cette énergie adoptera les qualités requises pour accomplir ses désirs. Par exemple, la force de vie (énergie) produite durant un rituel de malédiction devient mortelle et destructrice, mais dans sa forme originale, elle était une source de vie et une force positive.
En effet, c’est la volonté qui détermine la nature et la forme que prendra l’énergie qui est force de vie dans son état initial. La doctrine occulte nous enseigne également que des énergies de même nature sont attirées l’une par l’autre et qu’il est donc possible de canaliser des flux d’énergie à partir de sources externes, à condition de se mettre dans l’état mental et émotionnel correspondant à l’énergie de cette source externe. Ainsi, lorsque nous émettons une énergie destructrice et haineuse en vue d’un rituel de malédiction, nous pouvons ouvrir en même temps les portes internes et externes du plan acausal, ce qui nous permettra de canaliser et attirer davantage d’énergie pour le rituel voulu. La prochaine étape consistera à rassembler et concentrer l’énergie en utilisant la visualisation et la force mentale, pour la diriger vers ce qui est le but du rituel. La dernière étape consistera à libérer l’énergie, à la laisser s’en aller librement, afin qu’elle puisse susciter les changements désirés.
Il s’agit d’une phase critique, le succès du rituel dépendant étroitement de la façon dont le magicien va libérer l’énergie magique, une fois modelée par sa volonté. Une façon de faire consiste à créer un talisman symbolisant le désir magique avec son propre sang sur un morceau de papier. Le magicien charge ensuite le sceau avec les énergies générées durant le rituel, puis le brûle pour envoyer le sort. La forme (le sceau) est détruite, et l’essence (la volonté) a été libérée afin de modifier la réalité.
Nous avons livré un exemple très simple, mais toute la magie, peu importe sa puissance ou son niveau, suit ces principes. La volonté est la voie vers le pouvoir et le pouvoir est la voie vers la manifestation de ce pouvoir. Par conséquent, l’une des composantes les plus importantes de toute la magie est de savoir attirer et générer des énergies en conformité avec la volonté du magicien et c’est ce dont traite globalement ce livre. Parmi toutes les méthodes disponibles pour éveiller la puissance intérieure à des fins magiques, la magie sexuelle est la plus efficace et la plus éprouvée.
Dans la magie sexuelle, le magicien accumule les énergies générées pendant la stimulation érotique, physique ou mentale, pour les rediriger ensuite vers un but. Durant les derniers millénaires, la magie sexuelle fut codifiée de telle manière qu’elle est devenue l’un des arts les plus ésotériques qui soient, les auteurs traitant du sujet optant pour un langage symbolique, hypocrite, dissimulant bien davantage qu’il ne révèle. Nous allons nous appliquer, dans ce court chapitre, à expliquer les rudiments de la magie sexuelle, inhérente à la voie de la main gauche (Vama Marga), et à mettre à la disposition des lecteurs quelques-unes des méthodes que les adeptes du MLO utilisent pour contrôler l’énergie sexuelle durant leurs rituels.
Pour pratiquer cette forme de magie, le magicien doit avoir une connaissance de la nature de l’énergie sexuelle, ainsi que du comment et du pourquoi ces énergies peuvent être utilisées pendant l’union sexuelle entre le prêtre (le magicien) et prêtresse (la magicienne).
Comprendre la différence entre l’énergie sexuelle masculine et féminine est une partie essentielle du travail, la puissance de cette magie provenant entièrement de la polarité engendrée par l’union de personnes du sexe opposé. Les énergies sexuelles masculines et féminines s’opposent. Traditionnellement, l’énergie masculine est symbolisée par : l’Alpha, l’énergie positive, électrique, solaire, la planète Mars, le feu, Shakta / Shiva, et dans la sphère qliphotique : Satan / Samael. Alors que l’énergie féminine sera plutôt : l’Oméga, l’énergie négative, magnétique, lunaire, la planète Vénus, l’eau, Shakti / Kali et dans la sphère qliphotique : Lilith.
D’autres symboles de l’énergie sexuelle masculine seront la dague et la baguette ; ceux de l’énergie féminine seront la coupe et pentagramme. L’association de ces quatre éléments sexuels est symbolisée par le cierge noir, qui signifie le dépassement spirituel de la dualité et l’union des contraires dans le chaos. C’est précisément de l’opposition des énergies Alpha (masculin) et Oméga (femelle) que vient la puissance générée par la rencontre. Celle-ci peut être comparée au choc de deux vagues de l’océan qui viennent se briser l’une contre l’autre et dont la collision crée un tourbillon assez fort pour aspirer tout ce qui est à proximité. La même chose se produit lorsque les énergies entrent en collision pendant l’union sexuelle. Il se crée alors un « vortex » d’énergie, qui s’élève comme un pilier vers les étages supérieurs et peut même pénétrer dans le plan de l’âme, qui est le plus haut niveau.
L’une des méthodes possibles, particulièrement efficace, est d’utiliser ce tourbillon pour drainer vers le bas l’énergie de l’astral, du mental ou du plan spirituel, pour ensuite la transformer, par le biais de la volonté, à des fins rituelles. La magie sexuelle peut donc, au moyen de la polarité, canaliser les énergies depuis des sources externes, à condition que celles-ci soient de même nature. Ces énergies circulent alors entre le prêtre et prêtresse durant le rituel, augmentant constamment en puissance. Les énergies sont ensuite redirigées de manière traditionnelle vers le but souhaité, grâce à des visualisations, des sceaux, des gestes rituels, la manipulation d’objets, des formules énoncées ou mentales, l’énergie étant libérée pendant l’orgasme.
Parmi toutes les méthodes, celle consistant à libérer l’énergie magique pendant l’orgasme est la plus efficace. Dans l’exemple ci-dessus, les énergies générées par la polarité sexuelle sont canalisées dans un vortex pour renforcer la puissance du rituel. Ce vortex cesse d’exister dès que l’un des partenaires atteint l’orgasme. Il est donc souhaitable de l’orgasme soit atteint simultanément par les deux partenaires. Voici un exemple de la façon dont un rituel de magie sexuelle utilisant des sceaux, des visualisations et des formules peut être effectué :
Le rituel commence de manière traditionnelle. Les dieux sombres sont invoqués. Une bougie noire et une bougie rouge sont allumées et de l’encens musc est brûlé en l’honneur de la déesse Lilith. Le prêtre excite la prêtresse par un cunnilingus, puis s’accouple avec elle au nom de Lilith. Les deux parties se concentrent pour se donner l’un à l’autre autant de plaisir que possible, afin de renforcer et de concentrer la puissance de l’énergie sexuelle. Plus il faut de temps au prêtre et à la prêtresse pour atteindre l’orgasme – ce qui libère les énergies accumulées -, et plus l’énergie sexuelle est puissante.
Quand un prêtre ou une prêtresse parvient à un état de transe sexuelle, il ou elle doit commencer à prononcer une formule ou une phrase exprimant leur volonté commune. En même temps qu’il prononce cette formule indiquant le but du rituel, il doit clairement visualiser son partenaire dans un état de transe sexuelle. La transe correspond à un moment où toutes les pensées s’évanouissent et un état de pure félicité envahit le magicien. Les voiles entre les différents plans se font plus minces et un vortex est activé. Il est hautement souhaitable que les deux partenaires atteignent la transe sexuelle et prononcent la même formule (ou visualisent un même sceau). Si aucun sceau n’est utilisé, les partenaires peuvent visualiser des événements ou les objectifs les plus importants du rituel. Si le but du rituel est de détruire un ennemi, le sceau devra, si possible, exprimer les dégâts devant être causés à l’ennemi. La même chose s’applique à une formule verbale. En l’absence de formule, un sceau peut être utilisé pour exprimer un enchaînement d’événements conduisant à la mort douloureuse de l’ennemi. Prêtre et prêtresse doivent convenir à l’avance de ce qu’ils devront visualiser et, pendant l’orgasme, mener cette visualisation à son apogée. À ce moment-là, l’énergie sexuelle, guidée par leur volonté commune, donnera vie à l’entité sur le plan astral et déclenchera les conséquences du rituel dans le monde matériel. Plus fort sera « l’enfant magique », plus le changement désiré se manifestera rapidement.
Dans le procédé magique décrit ci-dessus, impliquant une visualisation, un sceau ou une formule, l’énergie sexuelle dirigée par la volonté vient féconder l’œuf astral. Si cela a été effectué correctement, sera alors créé un tout puissant « enfant spirituel de la volonté » et l’effet désiré s’en suivra. Tout ce qui est créé sur un plan se manifeste également sur tous les autres plans existants. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Par conséquent, toute modification suscitée, par exemple, par le biais de l’énergie sexuelle et de la visualisation sur le plan astral, finira par se manifester sur le plan physique.
Un autre élément très important, essentiel à la pratique de la magie sexuelle, est l’élixir légendaire. L’élixir est le mélange des fluides sexuels alchimiques masculins et féminins chargés d’énergie. Ces fluides, lorsqu’ils sont émis durant les travaux de magie sexuelle, sont imprégnés des énergies du rituel. L’élixir a de multiples usages. Entre autres choses, il peut être utilisé pour enduire un objet jouant un rôle dans le rituel afin d’en renforcer les pouvoirs. Ou vous pouvez l’utiliser pour donner force et vie à des talismans ou des amulettes, ou encore renforcer la puissance d’objets déjà consacrés à la magie, comme les armes magiques traditionnelles.
Suivant la façon dont l’élixir est produit durant le rituel, le prêtre et prêtresse peuvent choisir de le mélanger avec du vin et de l’ingérer durant la cérémonie, au nom des puissances invoquées. Mais cela ne doit être effectué que si le rituel a pour finalité d’augmenter les pouvoirs des magiciens. Durant les rituels de magie sexuelle, la volonté et les émotions tendent à fortement colorer l’élixir. S’il est produit durant un rituel destructeur ayant, par exemple, pour finalité de susciter la discorde, la guerre ou de tuer un ennemi, il n’est évidemment pas souhaitable de le boire. Dans ce dernier cas, l’élixir devient un poison de magie noire pouvant être employé « à des fins maléfiques ».
L’élixir est également très utile dans la magie des bougies ; le couple de magiciens exprime l’intention commune et inscrit ou grave le sceau sur une bougie noire, puis effectue un rituel de magie sexuelle et enduit la bougie avec l’élixir. Les magiciens l’allument puis la laissent brûler, ce qui libère toute la puissance générée par la magie sexuelle, afin de produire les effets désirés. L’élixir est tout simplement une extension et une concentration de la volonté, transformant les énergies magiques ; ses utilisations ne sont limitées que par l’imagination des magiciens.
Il existe une autre variante beaucoup plus sombre et puissante de cet élixir et très intimement liée à la déesse sombre sous tous ses aspects. Cette forme supérieure de l’élixir peut être produite uniquement lorsque la prêtresse est dans la période de sa lune noire, c’est-à-dire lorsqu’elle est menstruée. Le sang menstruel joue un rôle central dans les arts noirs et plus encore dans la magie sexuelle sénestre, où il agit comme un amplificateur pour les énergies sombres. Car à la différence du sang portant la vitalité qui coule dans nos veines, le sang menstruel, également appelé « sang de la lune noire » et « eau morte », détient la puissance (l’énergie) de stériliser, détruire, dissoudre et tuer. Autrefois, dans d’anciennes traditions, le sang menstruel était utilisé pour rendre les chiens fous ; il était également censé donner au magicien la capacité de se transformer en lycanthrope et celle de dominer les loups assoiffés de sang. Ces traditions sont intéressantes, car elles montrent le lien entre le sang menstruel et les forces sombres et sinistres de la lune, plus fidèlement représentées par les déesses de la lune noire, les puissances du sang menstruel étant toujours sont plus fortes durant les phases de lune décroissante et étant à leur apogée à la nouvelle lune.
C’est durant cette période que les forces sombres sont les plus vigoureuses et les mieux adaptées pour effectuer les rites sénestres visant à canaliser les énergies des déesses sataniques. Au cours de ces rituels, durant lesquels l’énergie féminine sombre amplifie la puissance magique, la prêtresse occupe toujours le rôle dominant. Il est raconté qu’au cours de la nuit de la nouvelle lune, la Déesse se rendait au ciel nocturne et laissait son sang menstruel pleuvoir sur la Terre. C’est pourquoi il est également dit que si la prêtresse est menstruée durant la nuit de la nouvelle lune, ses pouvoirs de magie noire sont à son apogée et elle est en harmonie avec la colère de la Mère Noire. Durant ses menstruations, la prêtresse ne peut pas tomber enceinte, mais elle est au plus fort de sa capacité à donner naissance (à créer) à des enfants sur le plan astral. Ainsi, la sexualité Ève / Lilith peut être utilisée pour ouvrir des portes vers le côté obscur.
Dans la Kabbale qliphotique, le sang menstruel féminin est considéré comme un don de Samael à la femme, un don qu’elle peut utiliser pour atteindre le pouvoir et la liberté. En raison de sa forte association avec la dissolution, les puissances sombres et mortelles du sang menstruel sont une clef des pouvoirs anti-cosmiques et qliphotiques et peuvent être utilisées pour établir le contact avec les dieux et les démons du Chaos Enragé. L’un des gestes symboliques accomplis dans de nombreux rituels de l’Ordre consiste pour le magicien à tremper une dague rituelle dans une coupe de vin. Une transformation se produit du fait de la polarité dague / Feu / Lucifer et coupe / eau / Lilith. Ces énergies sexuelles opposées transforment le contenu de la coupe symbolisant le sang menstruel de la déesse sombre en un élixir appelé « Sang du Dragon ».
Le sang du dragon ou « poison de Taninsam », ainsi que cet élixir est appelé dans le travail qliphotique, est une représentation symbolique de l’élixir produit lorsque le prêtre et prêtresse effectuent leurs rituels de magie sexuelle pendant la période menstruelle de la prêtresse. Cet élixir puissant est appelé, dans l’alchimie interdite, l’ « or rouge » et serait doté d’innombrables qualités malfaisantes. Entre autres choses, le Sang du Dragon / or rouge est utilisé pour expulser les effets de la lumière et les énergies stagnantes, ainsi que pour diffuser des flux d’énergie sombre et perturbatrice. Le sang du dragon peut également être utilisé durant la magie sexuelle pour l’invocation des dieux sombres. Durant ces invocations, la puissance des énergies sombre est attirée vers le bas par le vortex. Au point culminant du rituel, le Sang du Dragon est ingéré par les participants, afin de renforcer la présence des dieux sombres dans leur conscience.
Cet élixir a de nombreuses applications en nécromancie, comme synthèse de deux énergies destructrices, féminine et masculine ; il est également connecté avec le flux de puissance 353 et les pouvoirs des morts-vivants. Une façon de réaliser un rituel de nécromancie sexuelle est de placer onze torches ou bougies noires autour de la tombe de la personne avec laquelle le magicien veut entrer en contact, et puis à l’intérieur du cercle formé par les onze flammes, d’effectuer le rituel de magie sexuelle. Le but est de donner vie à l’ombre du mort en utilisant le vortex pour extraire l’ombre de sa tombe. Des invocations aux morts peuvent être récitées durant ce rite et le sceau qui symbolise le désir magique sous-jacent devra être intensément visualisé durant la libération du vortex.
Le vortex devra être dirigé vers le bas et pendant l’orgasme les magiciens devront utiliser leur volonté pour arracher l’ombre de sa tombe. L’élixir sera mélangé avec du vin rouge et versé comme sacrifice sur le sol, devant l’ombre du mort-vivant qui ne cessera d’être intensément visualisée par les deux participants. Le sang du dragon (élixir) renforce l’ombre, tandis qu’elle se connecte à la volonté des magiciens. L’ombre peut être liée à un talisman ou un morceau de cristal de roche et certaines choses peuvent lui être demandées, si les sorciers ont les connaissances nécessaires. L’ombre peut également être utilisée comme un « zombie astral », être envoyée dans les rêves d’autres personnes et les conduire à la folie. Toutes les ombres des morts appartenant à la déesse sombre dans ses déclinaisons telles que Lilith, Hécate, Kali, Hel, Perséphone et Ereshkigal, les magiciens, avant d’entamer le rituel de nécromancie, devront offrir un sacrifice de sang à l’un de ces aspects de la déesse de la mort.
En plus de ces utilisations, le sang du dragon peut également être employé pour ouvrir les portes du Sitra Ahra interne, afin le poison de Taninsam puisse brûler toutes les illusions cosmiques et contribuer à l’obtention de la gnose chaotique. L’une des raisons pour lesquelles la magie sexuelle est particulièrement utile est que, durant la transe sexuelle, lorsque le vortex est activé, les portes intérieures s’ouvrent, entraînant une partie de la conscience magique vers les plans supérieurs. Il est donc relativement facile, durant ces rites, d’établir un lien et de recevoir des informations des pouvoirs spirituels existant au-delà du plan matériel. Comme mentionné précédemment, ce sont avec les déesses sombres telles que Lilith, Naama, Mahalath Igrath, Hécate, Lykania, Perséphone, Hel, Ereshkigal, Kali, Baphomet, Sekhmet et Vamphyria, etc. qu’il est possible de travailler le plus efficacement dans les rituels de magie sexuelle sénestre.
Cependant, d’autres entités spirituelles très importantes dans la magie sexuelle sont les incubes et les succubes. Ces démons appartenant à la sphère noire de la lune sont des vampires sexuels et sont considérés dans le MLO comme des canaux spirituels permettant de rediriger l’énergie sexuelle et la vitalité du cosmos dans le Chaos / les qliphoth. Les succubes, qui sont des démons féminins et les incubes, qui sont des démons masculins, se retrouvent dans toutes les cultures traditionnelles sénestres et selon les anciennes légendes, offrent aux gens divers présents en échange de l’énergie qu’ils puisent dans les rituels, car ils assistent et participent aux cérémonies de magie sexuelle. Mais si ces démons sentent que les participants ne sont pas en harmonie avec la lune noire, ils peuvent vampiriser ceux qui participent au rituel et les vider de toute vitalité.
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Chapitre 17 du Liber Azerate, Traduction française par Melmothia, 2015.