Par Melmothia
Un grand merci à Auberon des Collines pour m’avoir soufflé cette information.
Démone de la tradition hébraïque, Lilith est présentée dans les légendes juives et le Talmud comme une créature qui appelle, a priori, assez peu la sympathie. Alternativement équarisseuse de nouveau-nés et succube, les amulettes qui en font mention ont plutôt pour vocation de la repousser que de l’inviter. Du moins jusqu’au milieu du XXe siècle où cette entité malfaisante se voit adoucie, d’abord recyclée dans le féminisme, puis investie par la Voie de la Main Gauche.
Cette évolution récente et rapide explique qu’elle n’a bénéficié que tardivement d’un arsenal d’outils destinés à l’invoquer. Comme nombre d’entre vous, je me suis demandé d’où venait ce symbole omniprésent sur la toile, mais à l’aspect fort peu traditionnel, estampillé « sceau de Lilith ». La réponse m’est venue par un elfe, remercié plus haut.
Il s’avère que cette griffe est la création d’un occultiste américain, Robin Artisson, qui en décrit la genèse dans un article du Live Journal datant de février 2007, intitulé « We all want a sigil for Lilith ». Pour cela, il utilise la technique des sigils, théorisée par Austin Osman Spare, consistant à rayer les lettres en double d’un nom ou d’une formule et à former un glyphe en disposant artistiquement les lettres restantes. Les illustrations de l’article ayant disparu, les étapes ne nous sont connues que par les commentaires de l’auteur :
« Supprimez toutes les lettres redondantes… Ensuite, si vous avez des « I » qui peuvent se confondre en une autre lettre avec une barre centrale (comme un « T » ou un « L »), vous les éliminez… Ensuite, appliquez votre créativité aux différents éléments. Par exemple, je vais retourner le « T », afin de pouvoir le faire fusionner avec le « L », puis j’ajoute un petit « h » stylisé dépassant de la barre centrale. Comme finitions, j’ajoute des croix pour la touche esthético-magique… Enfin, je trace un cercle, avec le nom de Lilith réparti uniformément à l’intérieur… Ce sceau est-il ancien ? Non, il s’agit peut-être en fait du sceau le plus récent au monde. Mais cela n’a pas d’importance ».
Apparemment satisfait de l’extraordinaire popularité de sa création, désormais déclinée en bijoux, tee-shirts, mugs et tatouages, l’occultiste américain n’a, semblerait-il, jamais songé à faire valoir sa paternité sur l’image.
Ainsi que son allure le laissait supposer, le sceau de Lilith est donc une création récente, mais comme le dit Robin Artisson, cela n’a pas d’importance. Comme toujours dans les histoires d’écu, c’est l’intaille qui compte.
Melmothia, 2023.