Un grand merci à S. qui nous a autorisés à publier ce texte.
Cette Charge d’Hékate a vu le jour lors d’une séance d’écriture automatique, au printemps 2013 ; fruit d’une pratique de plusieurs mois au sein du Aloha Temple, au cours desquels furent réalisés plusieurs rituels dédiés à la Déesse aux Torches, elle constitue en quelque sorte une synthèse des expériences vécues comme de la gnose reçue ; l’invocation résonne également d’influences particulièrement actives au sein du Temple : sorcellerie anglo-saxonne (Clan of Tubal Cain notamment), écrits de Robert Graves, mystères antiques mais aussi tradition contemporaine des grimoires.
S.
Je suis la Gardienne de la meute nocturne
Qui tisse la destinée des trois mondes
Chienne errante
Aux yeux de chouette
Je me tiens aux carrefours
Munie de mes torches.
Vous qui souhaitez approcher mon pouvoir
Quittez l’éclat du jour
Pour épouser mes heures nocturnes
Chantez mes invocations
Et faites tressaillir la terre
De vos danses.
Eveillez les serpents
Qui sommeillent sous vos pieds.
Elevez vos mains
Pour appeler mon pouvoir
Et attiser la Flamme
De mes torches
Et de votre âme.
Dans la pénombre et le doute
L’effroi de l’Inconnu
La quête vous appelle.
Fixez le feu et avancez.
Je vous accueille dans mon sillage.
*
Je suis la belle aux bras blancs rassurants
Au sourire d’argent, au regard distant
Qui inspire et purifie
Vos yeux contemplent avec amour
Ma chevelure nocturne
Voûte stellaire soyeuse
Que vos mains sont avides de caresser.
Je suis la Vierge pâle
Le Silence au coeur des murmures de la nuit
Le verbe lunaire
Qui révèle ses secrets
Et insuffle ses visions
Aux danseurs enivrés de la ronde.
Je suis la lueur aux Carrefours
Rassurant l’égaré,
Je suis
L’Etoile qui se révèle à l’initié.
*
Je suis la gardienne des passages,
Celle qui tend la clé des autres mondes
Et des infinis possibles.
Mon regard détruit et apaise,
Transforme et nourrit,
Et toujours, fait don de sagesse
A celui qui se présente devant moi,
Et fixe sans faillir mes yeux d’obsidienne
Pour y déchiffrer l’oracle délivré.
Je suis l’Insaisissable
Qui ouvre la voie
A qui embrasse ma nature sauvage
Et s’y livre totalement.
Celui qui souhaite franchir les portes
Et connaître l’Indéchiffrable
Qu’il quitte, qu’il nie
Parures et
Louanges superflues
Certitudes
Et langages préconçus
Qu’il sacrifie
Masques et visages
Qu’il se dépouille de ses chaînes de chair
Et qu’il voit :
Au-delà de l’Autre qu’il nomme Moi.
Qu’il caresse le Serpent :
L’instinct
Et l’éclat de son Oeil
Sont la clé.
*
Je suis l’Errante
Ma robe de safran sent la poussière
Et mes pieds blancs sont de terre maculés
J’ai arpenté toutes les routes
Veillé à tous les carrefours
Et mon image hante tous les chemins.
Je porte en moi la misère des rues mornes
La solitude et l’espoir de la route
Les rêveries du voyageur
La folie hallucinée du marginal
Le recueillement de l’ermite.
Mais tout cela, je l’éclaire de mes torches
Et mon souffle nocturne rassure
Je ne fixe aucune destination, mais j’offre le voyage.
Dans la danse sans but qui s’ouvre
A vous qui me suivez
Toute certitude s’efface
Et toute conviction s’éteint.
Alors dans le crépuscule
Dans le no man’s land tourbillonnant
Où les frontières se brouillent
Et les mondes s’entrechoquent
Dans ces espaces liminaux
Par la contemplation du Feu
Connaissez le dépouillement
Et dans le tâtonnement de l’aveugle
Avancez
Jusqu’à ne faire plus qu’un
Avec vous-même.
*
Dans l’Un
Et dans l’Aucun
Se révèlera à vos yeux
Ma face jusqu’alors voilée
D’étoiles parsemée
Et de Serpents couronnée.
Les sanglots des chiens
Deviendront chants d’extase
L’avancée sinueuse
Dans le Verbe trouble
Parfaite Compréhension.
Au bout de la Route
Je suis
L’Ultime Illumination
Qui est
Au-delà de ce qui est.