La malédiction des hommes chats

Autant vous le dire tout de suite, vous ne trouverez dans ce film ni malédiction, ni hommes chats, mais une petite fille solitaire dont les rêveries vont l’amener à flirter avec les fantômes.

Amy est une petite blonde adorable et fragile, le genre d’enfant démodée qui écoute ses parents, dit « merci », « s’il vous plait », et s’émeut de voir une fleur pousser. D’ailleurs elle copine avec les papillons. Son institutrice et ses parents s’inquiètent de la voir se perdre dans des chimères, plutôt que d’avoir de vrais petits camarades en dur.

Curse of the 002Arrivée par hasard dans le jardin d’une maison voisine, quelqu’un l’appelle depuis une fenêtre, avant de lui lancer un mouchoir contenant une bague. Elle fera bientôt connaissance avec la propriétaire de la demeure, une certaine Madame Farren, ancienne comédienne vivant avec sa fille qu’elle traite en esclave et renie à longueur de journée. « C’est une bague magique » dira la vieille dame qui se prend d’affection pour la petite, puis elle se lance dans une narration théâtrale de l’histoire du cavalier sans tête. Comme ses parents désespèrent toujours de la voir seule, l’enfant invoque le pouvoir supposé de la bague et fait le vœu d’avoir une amie. Apparaît alors une femme à la beauté angélique qui ressemble étrangement à Irena, la première épouse décédée de son père…

Et voilà que les chats du titre retombent sur leurs pattes, car Iréna n’est autre que la femme-panthère de Cat people, même si le spectateur non averti n’y voit que du feu. Il faut dire qu’en 1943, Val Lewton et Jacques Tourneur ont sauvé la RKO agonisante grâce à l’énorme succès de leur premier film, Cat people (La féline). Newton décide donc de tourner une suite et commande un film intitulé Curse of the cat people. Il réunit de nouveau l’équipe de La féline et engage le cinéaste allemand Gunther von Fritsch à la réalisation, mais celui-là travaille trop lentement au goût de la production, le film lui est retiré et finalement confié à Robert Wise, alors monteur à la RKO. La Malédiction… sera son premier film.

Curse of the 005En général, je déteste donner dans l’exégèse psychologique mais parfois l’occasion est trop belle : La malédiction des hommes chats nous rappelle que ce qu’on chasse par la porte revient généralement par la fenêtre. Les parents d’Amy mettent tellement d’énergie à oublier Iréna, à cacher ce drame comme un sale secret à l’enfant, qu’il n’est guère étonnant qu’elle mette le doigt directement dessus, les enfants entendant avec une acuité particulière ce qu’on essaie de leur taire. Les cadavres finissent toujours par ressortir des placards, c’est même leur vocation.

Et voilà ce qu’en dit le site Dvd Classik : « Les séquences où elle rencontre Irena dans le jardin sont somptueuses. L’ambiance fantastique y est puissante et pleine de poésie : la neige qui tombe, le vieil arbre ou les grilles en fer forgé plongent le public dans un monde de féerie créé par Darell […]. Quelques années plus tard le public retrouvera dans Night of the hunter (La nuit du chasseur, C. Laughton 1955) une ambiance relativement proche de celle qui hante le film de Wise. Aujourd’hui on peut voir en Tim Burton un des héritiers évident de ce style « Lewton » que certains qualifient de fantastico-gothique. »

 Melmothia, 2007.

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La Malediction des hommes-chats (The Curse of the Cat People), Robert Wise, & Gunther von Fritsch, 1944.

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