Gen. 1:2 — V’haaretz Haytah Tohu Vabohu V’hoshekh Al Penei T’hom V’ruah Elohim M’rahefet Al Penei Hamayim.
La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
Ce verset contient 14 mots et 52 lettres, c’est-à-dire le double de mots du premier verset. 14, est la valeur numérique de Yad (yd) (la main ou le signe) ou de Zahav (or) ; ce métal est censé représenter la Rigueur divine. Le Midrash et la Kabbale enseignent qu’entre le premier et le second verset de la Genèse, un grand nombre d’événements, passés sous silence par les Écritures, se produisirent.
Nos Sages enseignent qu’avant la création de notre monde, Dieu avait créé et détruit d’autres univers, événements dont la Kabbale parle sous le vocable de « brisure des vases ». Ainsi, dès le commencement sont révélés les éléments de la Rigueur divine : la Kabbale enseigne en effet que le premier acte de la création connu sous le nom de Tsimtsoum – le retrait de la Lumière divine en un espace fini – fut lui-même l’établissement d’une frontière et d’une démarcation ce qui, en soi, représente l’expression de la Rigueur divine. Ainsi, le nombre de mots du second verset – 14 – est une indication de cette Rigueur par l’identité existant entre l’Or et son symbolisme.
52 est une numération importante dans la Kabbale. 52 (beth et noun), est la valeur numérique étendue du Saint Nom YHVH qui correspond à la dixième Sephirah Malkuth (Ben, le Fils). Malkhuth est synonyme d’espace physique, cet espace dans lequel se produisit la brisure des vases.
Zohar 16a-16b : Dans toutes les phases de développement du Tohu vers le Bohu, la création a connu une succession d’étapes et d’états progressifs vers la perfection. Le Divin s’y est manifesté de nombreuses manières différentes correspondant à la symbolique et à l’essence de chacun de ces mondes. Lorsque la terre était chaos, la divinité s’est manifestée en tant que Shaddai, et lorsqu’elle passa de l’état de tohu à bohu, elle était connue sous le nom de Sabbaoth. Lorsque les ténèbres disparurent, elle fut alors connue comme Élohim.
Tohu signifie « désolé », « matière sans substance ». Les mots contenus dans Tohu sont He et Vav, signifiant littéralement « Lui ». Selon Rashim le Tohu est un « étonnement ». Ramban (Rabbi Moshe Ben Nachman) interprète mystiquement Tohu comme étant la très mince substance vide de forme, mais possédant un potentiel. Cette matière primordiale fut créée du néant absolu par le Créateur.
Le Sepher ha-Bahir : « Qu’est le Tohu ? Quelque chose qui confond (taha) les hommes et qui les fait pêcher. »
Selon les notes sur le Bahir d’Aryeh Kaplan : « Chaque concept qui est nécessaire à la Création doit, par conséquent, être également créé. Comme nous le voyons, deux des plus basiques de ces concepts sont ceux de donner et de recevoir. Dans la terminologie kabbalistique, le concept de donner est “Lumière” alors que celui de recevoir est « Réceptacle ». Le Tohu se réfère aux premiers réceptacles (vases) qui furent brisés. Le premier état de la Création est celui de l’univers du chaos ou Tohu. Cet état est celui dans lequel les Vases, qui étaient les Dix Sephiroth primitives, pouvaient recevoir la lumière de Dieu, mais ne pouvaient ni se la transmettre ni interagir entre elles. Puisqu’elles ne pouvaient remplir leur mission, les Vases furent brisés, c’est l’épisode du chevirat ha-Kelim. Les morceaux brisés des vases tombèrent dans un état spirituel inférieur et devinrent alors la source du mal. On dit par conséquent que Tohu est la source du mal. La raison pour laquelle les Vases furent créés au départ sans la capacité à retenir la lumière fut que le mal devait advenir, offrant ainsi la liberté de choix à l’homme, liberté nécessaire à la réparation des vases (Tikkun). Les kabbalistes parlent aussi du Tohu comme d’un état intermédiaire entre la potentialité et la réalisation… Pour les initiés, il (le Tohu) contient également une leçon pour ceux qui désirent entrer dans le domaine de la mystique. Les Qlippoth dérivées du Tohu sont des forces qui « confondent les hommes » et leur font avoir de fausses visions. Un vase dans son intégrité est celui qui contient une idée complète, compréhensible alors qu’un vase brisé est celui qui confond et rend confus » (pages 89-90).
Le Tohu est donc l’état du Chaos dans lequel le monde a existé pendant des âges après sa première création, plongé dans les ténèbres et immergé dans l’eau. Par l’action du feu et par l’opération conjuguée de l’esprit divin, les éléments constitutifs se différencièrent.
Dans la phrase Bohu est en fait prononcé « vohu », le beth est « doux », car sans point en son milieu. Selon le Sepher Yetsirah, le Beth fait partie des 7 lettres doubles qui peuvent être prononcées durement ou doucement. Un son dur dénote un Jugement divin dur tandis qu’un son doux relève du jugement divin doux. Selon la tradition, le veth relève de la qualité de la « sagesse » tandis que le beth relève de la qualité de la « folie ».
Bohu, selon Rashi se traduit par « vide », le dictionnaire Alkalai et le dictionnaire étymologique de Klein définissent ce mot comme : « vide, chaos, confusion ». Bohu peut être rapproché du mot BaHaH (BHH) signifiant « être surpris, être étonné ».
Bohu peut se lire Bo Hou qui signifie alors « qui est en lui ».
Selon le Sepher ha-Bahir : « Qu’est-ce que Bohu ? – C’est quelque chose qui a de la substance. C’est pourquoi on appelle Bohu « ce qui est dedans » »
Selon le Midrash Bereshit Rabba : « Judah bar Siméon dit : ‘va bohu’ se réfère à Caïn qui voulait transformer le monde en un lieu dans lequel il serait seul ».
Extraits du Bahir (traduction Virya) :
§ 2. Rabbi Berakiah dit :
Il est écrit (Genèse 1:2), « La terre était Chaos (Tohu) et Désolation (Bohu).
Quelle est la signification du mot « était » dans ce verset ? Cela indique que le Chaos (Tohu) existait auparavant [et déjà était].
Qu’est-ce que le Chaos (Tohu) ? Quelque chose qui déconcerte (Taha) les gens.
Qu’est-ce que la Désolation (Bohu) ? C’est quelque chose ayant de la substance. C’est la raison pour laquelle il est appelé Bohu, qui est, Bo Hou — « il est en lui .”
§ 11 : Quelle est la signification du verset (Ecclésiaste 7:14), « Ainsi l’un comme l’autre ont été faits par Élohim ». Il créa le Bohu (Désolation) et le plaça dans la Paix, et Il créa le Tohu (Chaos) et le plaça dans le Mal. Le Bohu est dans la Paix, comme il est écrit (Job 25:2), « Il a fait la paix dans Ses hauteurs ». Cela nous enseigne que Mikael, le prince à droite du Saint, béni soit-il, est eau et grêle, tandis que Gabriel, le prince à gauche du Saint, béni soit-il, est feu. Les deux sont réconciliés par le Prince de la Paix. C’est la signification du verset, « Il fait la paix dans Ses hauteurs ».
§ 12 : Comment savons-nous que ce Tohu est dans le Mal ? Il est écrit (Isaïe 45:7), « Il a fait la paix et créé le mal ». Comment cela ?Le mai est un Tohu, tandis que la Paix est un Bohu. Il créa le Tohu et le plaça dans le Mal, comme il est écrit, « Il a fait la paix et créé le mal ». Il créa le Bohu et le plaça dans la Paix, comme il est écrit « Il a fait la paix dans Ses hauteurs ».
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Spartakus FreeMann