Né sous la plume d’un producteur qui qualifia le film Blood feast de « blood and gore », ce sous-genre de l’horreur se caractérise par une débauche d’effets sanglants. Le père du genre est un réalisateur du nom d’Herschell Gordon Lewis qui, après s’être consacré à la mise en scène d’œuvres érotiques que l’histoire ne retiendra pas, créa l’événement en 1963 avec un film fauché et commercial du nom de Blood Feast. Le scénario en est fort simple : un adorateur de la déesse Ishtar décide de mettre la main à la pâte pour offrir à sa déesse préférée un corps dans lequel s’incarner. S’ensuivent quelques équarrissages de vierges et un banquet durant lequel les convives dégustent à leur insu de la chair humaine.
Pour la première fois au cinéma, le sang gicle à gros bouillons. Démembrements, éviscérations… Un choc pour un public qui, au début des années 60, n’avait encore jamais été confronté à ce genre d’images. Le succès est tel que Lewis enchaîne l’année suivante avec 2000 Maniacs, un monument d’humour noir narrant les déboires de touristes débarqués chez des fantômes de sudistes. Au menu : amputations à la hache, tête écrasée sous un rocher, vacancière cuite au barbecue. Suivront Color me Blood Red (1965), Gruesome Twosome (1967), le bien nommé The Wizard of Gore en 1970, et Gore-gore girls en 1972.
Les films d’Herschell Gordon Lewis, bien que de qualité médiocre, pavèrent le chemin pour les réalisations horrifiques de la décennie suivante et surtout firent de lui « le parrain du gore », titre d’un documentaire (Herschell Gordon Lewis : The Godfather of Gore) que lui ont consacré Jimmy Maslon et Frank Henenlotter, deux autres créateurs soucieux de partager leur goût pour la viande tartare. Le premier est connu pour avoir produit un remake plutôt réjouissant de Blood feast intitulé Blood Dinner, dans lequel deux restaurateurs cannibales cuisinent des jeunes femmes en l’honneur de la déesse Shitar. Il a également produit Blood Feast 2 : All U Can Eat (2002). Le second est le réalisateur de Frère de sang (Basket case, 1982), Elmer le remue-méninges (Brain Damage, 1988), etc. ainsi que du très sanglant Frankenhooker (1990).
Quarante ans après la version de Lewis, le film 2000 maniacs a bénéficié, à son tour, d’une nouvelle mouture sous le titre 2001 Maniacs, par Tim Sullivan. Robert Englund, l’interprète du croquemitaine brûlé des Griffes de la nuit y incarne le maire du village. Cette fois, ce sont des étudiants qui viennent endurer les pires sévices dans le village fantôme.
À partir des années 70, l’appellation « gore » se démocratise. Elle se démocratise même tellement qu’elle vient souvent qualifier des films qui n’ont que peu à voir avec le genre. Ainsi, contrairement à une idée fausse mais très répandue, Massacre à la tronçonneuse dans lequel l’horreur tient essentiellement à la bande-son et à la caméra hystérique de Tobe Hooper, n’est pas un film gore. Il ne s’y trouve ni la débauche de matières visqueuses, ni les litres d’hémoglobine caractéristiques du genre. Au contraire, tout le talent du réalisateur consiste à convaincre le spectateur qu’il assiste à un spectacle atroce, alors que l’horreur y est bien plus suggérée que montrée. En cela, le remake, réalisé par Marcus Nispel en 2003, manifeste une ambition à la baisse, puisqu’il adopte le parti inverse, allant jusqu’à remplacer les hurlements de la bande-son par du mauvais rock (composé par Steve Jablonsky). Par contre, l’accent étant porté sur l’épanchement de viscères, il peut bénéficier du coup, d’une classification « gore ».
Car le « gore » est avant tout une fin en soi. Montrer une éviscération, même avec un zèle de détails, ne fait pas une production du genre. Pour cela, il faut une gratuité et une complaisance dans l’outrance. Ainsi que le dit Pascal Bruckner : « C’est le baroque de l’horreur, c’est l’horreur qui devient son propre but et son propre principe narratif ; on ne raconte plus rien, seulement la décomposition des corps, des membres déchiquetés, des flots d’hémoglobine, la peau qui s’arrache… Le gore, c’est la fin de l’histoire, il n’y a plus d’histoire du tout, on insiste seulement sur les effets. C’est comme si le film d’horreur se citait lui-même, se redoublait par une exposition ou une surenchère dans l’abomination, le dégoûtant ».
Le terme lui-même désigne, en argot anglais moderne, le « sang » avec une connotation de répulsion. Ce qui tient du « Gore » est gluant, dégoûtant, plus très frais… À la fin des années 1980, le mot « gore » disparaîtra du vocabulaire anglo-saxon au profit de l’expression « splatter » (éclaboussure), originellement employée par George Romero pour décrire son film Dawn of the dead. « Gore » reste cependant encore usité en langue française.
Lorsqu’un ancien réalisateur de porno se lance dans le cinéma gore, il en résulte un sommet du sadomasochisme kitsch et un gros coup de ciseau de la censure. Bloodsucking freaks, qui a porté un temps le titre de Sardu : Master of the Screaming Virgins, fut distribué en France, grâce aux mystères de la traduction, sous le titre Incredible Torture Show, mais cela n’eut lieu que quinze ans après son tournage. En effet, lors de sa sortie sur les écrans américains en 1976 avec un classement X, les producteurs et son réalisateur Joel M. Reed, invitèrent une association féministe à manifester contre le film dans le but de créer le scandale. La stratégie s’avéra trop efficace et Bloodsucking freaks fut retiré des salles. Ce n’est qu’au début des années 1980, que la maison de production Troma, spécialisée dans les séries B, en acquit les droits et parvint à le faire distribuer. Le film retrace les péripéties de Maître Sardu et de son « théâtre du macabre », un show sanglant dont les victimes sont de jeunes beautés très peu vêtues. Il est, pour cela, aidé par son fidèle serviteur, un nain nommé Ralphus qui lui prête main-forte pour kidnapper les jolies femmes que le maître s’empresse de torturer à mort.
Avec le « théâtre du macabre » de Maître Sardu, le « gore » renoue avec ses racines qui sont moins le grand écran qu’un genre théâtral : le Grand Guignol, dont l’appellation vient du nom d’un théâtre parisien s’étant spécialisé à la toute fin du 19e siècle dans les spectacles macabres et sanguinolents. Durant soixante ans, sous la direction de gérants différents, y furent présentés des drames horrifiques alternés de saynètes comiques. Ce théâtre, avec ses mises en scène sanglantes et cocasses, demeura jusque dans les années 60 l’une des attractions touristiques les plus populaires à Paris. Les spectacles Grand Guignol ne reculaient devant aucun effet gore. Une ancienne actrice, du nom de Paula Maxa, raconte ainsi avoir été « flagellée, coupée en tranches, passée au laminoir, ébouillantée, saignée, vitriolée, désossée, pendue, enterrée vivante… ».
Cannibal Holocaust, Ruggero Deodato, 1980.
Tandis qu’Herschell Gordon Lewis inventait le Gore, le milieu des années 60 avait vu les premières productions de type « mondo », à savoir des compilations d’images d’archives comportant un même thème commun racoleur : sexe, violence, insolite, etc. C’est cependant dans les années 70 que le genre connaît son apogée, avec la fameuse série des Face à la mort de John Alan Schwartz (1978). Le spectateur y a droit à un assortiment d’accidents mortels, des meurtres, une séance d’autopsie dans une morgue et quelques massacres d’animaux. Certaines scènes présentées comme réelles sont en réalité parfaitement bidonnées, comme l’exécution d’un condamné sur la chaise électrique, ou la fameuse dégustation de cervelle de singe vivant dans un restaurant. Ces films de type « mondo » vont connaître un énorme succès, au point que Face à la mort bénéficiera de cinq suites, ainsi que d’un best of, ou plutôt d’un worst of : The Worst of Faces of Death sorti en 1987.
Dans cette sensibilité « mondo » et bien avant Blair Witch, un film exploitant la veine du faux documentaire va marquer sa génération. Il s’agit de Cannibal Holocaust, du réalisateur Ruggero Deodato qui s’était déjà essayé à ce type de cuisine trois ans plus tôt avec Le Dernier monde cannibale (1977). Le film est présenté comme l’ultime bobine d’un reportage tourné par une équipe de documentaristes jamais revenue de la jungle colombienne. Viol, cannibalisme, démembrements se succèdent dans cette production où, hélas, les animaux ont été véritablement tués. Cannibal Holocaust faisant très correctement scandale, le cannibalisme et son cortège d’effets gore vont rester à la mode durant quelques années. Suivront par exemple Antropophagous de Joe d’Amato en 1982 et Cannibal Ferox d’Umberto Lenzi qui a la prétention de surpasser le film de Ruggero Deodato en accumulant les scènes gore, mais parvient surtout à endormir le spectateur.
Des films comme Bloodsucking freaks et les faux documentaires de type « mondo », ont en commun de flouter les limites entre réalité et fiction en suggérant que ce qui est filmé est « réellement arrivé » ou qu’il est possible de tuer des gens « pour de bon » dans le but de faire un film… L’expression « snuff movie » apparaît au milieu des années 1970 pour désigner des tournages clandestins censés mettre en scène de véritables séances de torture et de meurtres, vendus sous le manteau à de riches amateurs de sensations fortes. Mais avant de gagner la rue sous la forme d’une angoisse populaire, le concept de « snuff » naît dans l’univers de la fiction. C’est en effet un film qui lancera la rumeur et donnera son nom au phénomène. Réalisateur de films érotiques voyant d’un mauvais œil arriver la mode du porno « hardcore », Michael Findlay décide de se reconvertir dans le créneau de la violence et signe Slaughter, une œuvre médiocre tournée dans des conditions catastrophiques, au point qu’il désespère de trouver un distributeur, lorsque Carter Stevens lui propose d’ajouter une scène finale à Slaughter et de le rebaptiser Snuff. L’ultime séquence en question montre le réalisateur en train de violer l’une des actrices du film avant de la découper en tranches. La scène créa une énorme polémique et le film fut interdit dans plusieurs pays. La rumeur des « snuffs » était lancée. Elle prit tellement d’ampleur que, durant la décennie suivante, le FBI prit la question très au sérieux et que plusieurs enquêtes furent ouvertes. Mais comme pour les supposés « crimes satanistes » de la même décennie, il s’est avéré que tout le battage autour des snuffs se résumait à beaucoup de bruit pour rien. Dans son excellent ouvrage La mort en direct, sorti en 2001, Sarah Finger rappelle qu’aucune de ces enquêtes n’a jamais abouti et replace le phénomène dans la sphère qu’il n’aurait jamais dû quitter, celle des légendes urbaines.
Cependant, parce qu’ils satisfont nos aspirations à un spectacle « total » et notre soif de voyeurisme, les snuffs continuent de fasciner. D’autant que les rumeurs alimentent les fictions et réciproquement. Avec des romans comme La sirène rouge de Maurice G. Dantec adapté au cinéma par Olivier Megaton en 2002, des films comme The Brave de Johnny Depp (1997), ou l’excellent Huit millimètres, la légende urbaine du « snuff » a encore de beaux jours devant elle.
Avec les progrès des effets spéciaux, les scènes de meurtres et de cruauté dans les films d’horreur auront tendance à gagner, au fil des années, en réalisme et en surenchère. Exit les prothèses grossières des films de Lewis barbouillées de sang trop rouge. Les années 80 seront celles du maquillage d’horreur, dont certains professionnels deviendront des stars à part entière, telles que le célèbre Rick Baker à qui l’on doit la transformation du Loup-garou de Londres, Dick Smith qui a défiguré Linda Blair pour le film L’exorciste, et bien entendu Tom Savini, auteur des maquillages des films de zombies de Georges Romero, qui s’est également frotté à la réalisation pour nous offrir un remake gore de La nuit des morts vivants en 1990. Les « survival horror » sont, d’une façon générale, propices aux effets gores. Après L’Enfer des Zombies en 1979, le réalisateur italien Lucio Fulci signe Frayeur en 1980, puis L’Au-delà, qui sont deux monuments du genre. En 1985, George Romero clôt momentanément sa saga avec Le Jour des morts-vivants (Day of the Dead). Aux effets spéciaux, on retrouve Tom Savini récompensé d’un Saturn Award pour sa performance.
La démesure qui caractérise les films gores les fait pencher dans certains cas du côté du burlesque. C’est par exemple le cas de Braindead de Peter Jackson avec son bébé mort-vivant et ses trois litres de sang à la seconde dans la scène finale, ou de Street Trash de Jim Muro, une sympathique série B dans laquelle un alcool frelaté transforme des clochards en bouillie colorée. Ce sera également le cas de certains produits de la firme Troma tels que le célèbre Toxic Avenger, réalisé par Lloyd Kaufman et Michael Herz en 1985, une oeuvre toujours culte bien qu’elle ait pris quelques rides. On y suit les aventures de Melvin, technicien de surface dans un club de musculation qui, aspergé de déchets toxiques suite à une plaisanterie douteuse, se transforme en justicier haineux et spongieux, le « Toxic Avenger ».
La même année, le public découvrait le très réussi Re-animator de Stuart Gordon. Librement inspiré de la nouvelle « Herbert West, réanimateur » d’H.P. Lovecraft, le film, qui narre les déboires d’un scientifique obsédé par l’idée de réanimer des cadavres, a connu plusieurs suites, aussi échevelées que le premier volet, dont Re-Animator 2, la fiancée de Re-Animator de Brian Yuzna en 1990, et Beyond Reanimator du même réalisateur, sorti en 2003.
1985, décidément un bon cru pour le gore, est enfin l’année de sortie du premier volet des Guinea pigs du dessinateur de mangas japonais Hideshi Hino. À l’instar de ses dessins, les courts-métrages qui composent la série des « Guinea Pigs » sont homogènes en thématique à défaut de l’être en qualité. Les scénarios qui tiennent en une ligne sont en réalité prétextes à la mise en scène de sévices, mises à mort et putréfaction. Une anecdote, ou plus probablement une légende urbaine, voudrait que Charlie Sheen, visionnant « Flowers of flesh and blood », le plus célèbre et sûrement le plus violent de ces courts-métrages, ait cru se trouver en possession d’un « snuff » et l’ait porté au F.B.I. qui aurait ouvert une enquête.
C’est avec un budget ridicule et une bande de copains que Peter Jackson, le futur réalisateur du Seigneur des Anneaux, réalise en 1987 son premier long métrage, un film gore amateur intitulé Bad Taste mettant en scène des extra-terrestres d’allure porcine venus sur terre pour approvisionner leur fast-food en viande humaine. Le tournage a duré quatre ans, et l’auteur a dû assumer à la fois la réalisation, la production, les maquillages tout en interprétant plusieurs rôles. Dans la foulée, Peter Jackson réalisera Meet The Feebles, une fable cradingue sur le show business, avant de signer le film le plus osé et le plus déjanté de l’histoire du gore : Braindead. Que se passe-t-il lorsqu’un singe-rat de Sumatra mord la mère tyrannique d’un jeune homme introverti ? Tandis que la brave dame se transforme en zombie mordant tout ce qui bouge, Lionel, le héros de Braindead se voit contraint de transformer sa maison en garderie à zombies, avant de se décider à les éliminer par tous les moyens possibles, notamment à l’aide d’une tondeuse à gazon… Une bestiole particulièrement moche, un mort-né zombie né de la copulation d’un prêtre et d’une infirmière eux-mêmes morts-vivants, beaucoup de corps mutilés et surtout trois mille litres de faux sang. Grand prix au Festival du film fantastique d’Avoriaz de 1993, Braindead reste, sans conteste possible LE film gore par excellence.
La mère du héros s’essaie au massage facial sur la future heureuse maman du bébé zombie,
Braindead, Peter Jackson, 1992.
Le nouveau millénaire a commencé très fort en matière de gore grâce, une fois de plus, à nos amis les zombies. Une petite production japonaise, signée par un fan de Sam Raimi du nom de Ryuhei Kitamura, raconte les déboires de yakusa confrontés à leurs anciennes victimes revenues d’outre-tombe. Mélange de film d’action, gunfight, jeu vidéo et gore, Versus, l’ultime guerrier accumule les scènes sanglantes et hilarantes à un rythme trépidant. Le même réalisateur signera en 2009 Midnight Meat Train, adapté d’une nouvelle de Clive Barker, dans lequel un tueur en série défonce à coup de marteau le crâne de passagers du métro ayant eu le mauvais goût de s’attarder au mauvais moment dans la mauvaise rame.
La surenchère dans la mise à mort cradingue devint tellement courante à partir de la fin des années 90 que le « gore », désormais passage obligé des productions d’épouvante, finit par se diluer dans la catégorie plus vaste de « l’horreur ». Or, si l’on suit le critère de « gratuité et de complaisance dans l’outrance » évoqué plus haut, l’héritier du « gore » est à chercher du côté d’un nouveau genre : le « Torture Porn ».
Avec ses 55 millions de dollars de profits aux États-Unis, Saw, du réalisateur James Wan, se place parmi les films les plus rentables de l’histoire du cinéma. C’est en 2004 que le monde découvre « Jigsaw », le tueur au puzzle et ses ingénieux scénarios sadiques. Le succès du film est tel que six autres volets ont immédiatement été tournés dans la lancée. L’année suivante, c’est au tour d’Hostel du génial Eli Roth de choquer les spectateurs. Deux étudiants américains qui s’offrent un tour d’Europe dans l’espoir de rencontrer des filles faciles, font la connaissance d’un Islandais qui les entraîne dans une petite ville de Slovaquie. Ils découvriront l’horreur ultime, de riches désœuvrés qui paient très cher pour torturer et tuer en toute impunité.
Dans le sillage de ces deux films, ont déboulé sur le marché des œuvres mettant en scène la lente agonie de victimes livrées aux fantaisies de tortionnaires psychopathes. Délaissant le meurtre violent à l’arme blanche (ou à l’arme improbable) qui caractérisait les « slashers » de la génération précédente, tout comme des giclements sanglants du « gore », ce nouveau genre fait porter l’accent sur la cruauté et les mutilations hyperréalistes, ou, ainsi que le formule Luc Marchant, s’essaie à découvrir « comment on peut torturer quelqu’un de la façon la plus sadique ». De là, le vocable de « Torture Porn » né en 2006 sous la plume du journaliste David Edelstein du « New York Magazine », pour qualifier le film Hostel d’Eli Roth. En d’autres termes, la mort remplace le sexe ; le scénario est souvent minimaliste et les victimes sont de jolies jeunes femmes, passablement dévêtues qui souffrent longtemps en criant très fort.
Bien que « Torture Porn » conserve sa connotation péjorative, d’autres œuvres se sont vues rétrospectivement rangées sous cette appellation. Rendons donc hommage au premier film pouvant être considéré comme un véritable « torture porn » : le très confidentiel Scrapbook réalisé en 1998 par Eric Stanze qui assume également le rôle du chaleureux tortionnaire. Distribué par Uncut Movies aux côtés d’œuvres cousines telles que Nekromantik ou le polonais Fantom Kiler, Scrapbook décrit, caméra épaule, le douloureux huis clos entre Léonard, un tueur en série pervers et sa dernière victime, Clara.
Le moyen métrage espagnol Aftermath de Nacho Cerda (1994) mettant en scène de façon très crue des mutilations et actes sexuels nécrophiles, ainsi que Funny Games de Michael Haneke (1997) pourraient également être annexés au genre. Plus récemment, les films Turistas de John Stockwell (2006), Hostel : Part II toujours dirigé par Eli Roth (2007), Shuttle d’Edward Anderson (2008), Frontières de Xavier Gens, le remake de La dernière maison sur la gauche réalisé par Dennis Iliadis en 2009 ou encore Stag Night de Peter A. Dowling, etc. etc. furent, pour leurs producteurs, de très lucratifs « torture porns », car il semble que le genre soit décidément à la mode. A noter qu’en mai 2010, un long métrage a fait scandale au Marché du film du festival de Cannes, A Serbian Film de Srdjan Spasojevic qui allie pornographie et tortures extrêmes. L’œuvre file – comme c’est étonnant – la bonne vieille thématique du snuff movie à grand renfort de perversions plus cradingues les unes que les autres, la palme revenant à la sodomie d’un nouveau-né dont la mère vient tout juste d’accoucher.
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Melmothia, 2010.