Auteur prolifique avec plus d’une vingtaine d’ouvrages à son actif, Michael William Ford est né en 1976 en Floride. Son intérêt pour l’occulte naitra de sa passion pour la musique Black et Death Metal. À partir des années 90, il intègre plusieurs formations, avant de fonder Black Funeral en 1993, lorsque sa famille s’installe à Indianapolis. La même année, il rejoint des groupes occultes suivant la Voie de la Main Gauche.
Durant sa carrière musicale, Michael W. Ford s’essaiera à divers styles allant du Death Industriel au Dark Ambiant, en passant par la musique médiévale, multipliant les projets avec des groupes tels que : Valefor, Hexentanz, Psychonaut 75 ou Akhtya.
Il est tout aussi fécond en matière d’ordres occultes. En 1993, il fonde le Black Order of the Dragon (BOTD), consacré au vampirisme astral ; de 1996 à 2002, il sera porte-parole de l’Ordre des Neuf Angles sous le pseudonyme de Vilnius Thornian ; en 2001, il fonde The Order of Phosphorus (TOPH) ; enfin, en 2014, il participe, avec Jacob No et Jeremy Crow, à la création de la Greater Church of Lucifer (GCoL). Parmi ses ouvrages les plus connus, peuvent être cités : The Bible of the Adversary ; Liber Hvhi: Magick of the Adversary ; Luciferian Goetia et Drauga : Ahrimanian Yatuk Dinoih. À noter qu’en 2007, fut édité le Luciferian Tarot, un jeu explorant, selon les dires de Michael W. Ford, « le côté adverse du tarot », dessiné par le français Nico Claux.
Les principales sources de Michael W. Ford sont Kenneth Grant, Peter J. Carroll, Austin Osman Spare et Nathaniel Harris, qui semble avoir été son mentor durant plusieurs années. Son port d’attache est donc tout autant la Chaos Magic que le Satanisme, ce qui explique sans doute certains malentendus. Contrairement à ce qu’annonce le quatrième de couverture, Initiation à la magie Luciférienne n’est pas exactement l’ouvrage « de référence pour les débutants sur le sentier des arts sombres ». À l’instar de Grant, Michael W. Ford ne recule devant aucun amalgame et les incantations confinent souvent à la cacophonie. Point de « sentier » non plus, mais des rituels et des idées comme jetés au hasard des chapitres. Certes le trait n’est pas spécifique à Ford, le Left Hand Path contemporain ayant généralement tendance à la mosaïque culturelle, mais l’art du fatras culmine chez cet auteur. Les rituels qui, dans un bel élan de générosité, invitent Lilith, Caïn, Hel, Babalon, Ahriman, Azazel, Bélial à la même table (avec préférence pour la Perse qui lui a valu il y a quelques années une accusation de plagiat de la part du très Ahrimanien Andrew Chumbley), requièrent une certaine érudition pour s’y retrouver et une très grande salle à manger pour accueillir tout ce monde.
Non que le système magique de Ford ne saurait être efficace, il l’est sans doute pour lui-même en premier lieu. Il est également justifié par une vision du monde dans laquelle les déités ne sont que des masques changeants d’une autre réalité – univers B ou univers a-causal. Cependant une certaine prudence et des lectures annexes sont nécessaires pour aborder ce matériel.
Cette vision est assez bien résumée dans l’un des symboles du TOPH, le sceau d’Algol [1], à savoir un pentagramme inversé inscrit dans une Étoile du Chaos, que l’auteur décrit comme :
« La sphère du Chaos avec le pentagramme inversé situé au centre qui représente l’adversaire. Algol dans sa forme profonde représente Set – le Dieu Noir en forme de serpent qui est Aapep et qui vient d’Égypte, ce symbole représente le Mage Noir diabolique protéiforme, c’est-à-dire celui qui peut prendre toutes les formes selon son dessein. Dans la Sorcellerie Luciférienne, Algol est utilisé comme le sceau du Chaos à huit pointes avec le Pentagramme Inversé au centre. C’est en fait une référence au numéro huit qui est le chiffre de Baphomet et aussi celui du Chaos » [2].
Ce parti-pris génère également un quiproquo quant à ce que l’auteur entend par luciférianisme. Point de distinction ici entre Lucifer et Satan, mais une même impulsion sénestre : « Lucifer est un archétype parfait du Sentier Adversif, écrit l’auteur. Il est le Dieu de la Lumière et de la Sagesse, mais il a en lui un côté sombre, une ombre. Sous le nom de Lucifer, vous trouverez Samaël, Satan, Ahriman, Set et Apep ».
Michael W. Ford nous parle donc davantage d’une philosophique magique, faisant porter l’accent sur le dépassement des limites et l’expérimentation personnelle, que d’un système prêt à l’emploi, avec en point aveugle l’autodéification de l’adepte au moyen d’une multiplicité de masques et de panthéons :
« En dehors de nos perceptions de l’espace et du temps, au-delà des conceptions de cohésion et d’enchaînement, vibrent de vastes étendues de pouvoir à l’état brut. Ce pouvoir peut s’abriter derrière le nom de Tenèbres Primordiales. Il est organisé mais ne répond pas aux concepts humains de souveraineté et d’autorités individuelles. Il est multiple. On n’y trouve aucun sens macrocosmique de dualité ou de contraste : ce pouvoir est infini, éternel et sans limites.
Derrière ce masque de Ténèbres Primordiales se trouve un Chaos bouillonnant, remuant constamment. Des formes et des systèmes émergent et s’effondrent en lui. L’effondrement dénote le manque de contexte humain pour mesurer ou déterminer ses attributs. L’émergence dénote une certaine proportion de synergie avec la perception humaine. Cette synergie peut être nommée déité » [3].
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Initiation à la magie luciférienne, Michael W. Ford, Traduction par Hervé Solarczyk, Chronos Arenam, 2016.
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Melmothia, 2016.
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Notes :
[1] L’abus d’Algol nuit gravement… Non, rien.
[2] The Bible Of The Adversary, Michael W. Ford, 2008.
[3] Initiation à la magie luciférienne, Michael W. Ford, Traduction par Hervé Solarczyk, Chronos Arenam, 2016.
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