Pour ce rituel, on prévoira une table basse, un grand récipient d’eau, un petit récipient avec un peu d’huile, un petit brasero & des bougies rouges, une coupe, un récipient rempli de vin, de la viande crue, des fruits secs (noix), des figues, des feuilles de laurier, des grappes de raisin. On veillera à garnir le lieu de fleurs & à placer quelques feuilles de laurier & un peu de thym dans le récipient d’eau.
Le prêtre & les participants seront ou nus ou vêtus de vêtements colorés & légers. Si c’est possible, prévoir des couronnes de fleurs dont se pareront les célébrants.
On placera une image du dieu – dessin, peinture, statue – ou l’un de ses symboles – pomme de pin, phallus – face à l’autel.
On fera brûler de l’encens d’oliban ou de styrax & on fera en sorte que du parfum soit mis à disposition des participants.
On lance un chant d’entrée ou une musique.
*
Préambule
A la fin du chant, on entonne l’invocation de Dionysos :
« Je commence par chanter Dionysos couronné de lierre, bruyant, glorieux fils de Zeus & de l’illustre Sémélè, & que nourrissaient les Nymphes aux beaux cheveux, l’ayant reçu du Père-Roi, dans leur sein. Et elles le nourrirent avec tendresse dans les vallées de Nysè, & il grandit, par la volonté de son père, dans un antre odorant, & il était au nombre des Immortels.
Mais les Déesses l’ayant élevé pour être abondamment loué, alors il parcourut les solitudes boisées, couronné de lierre & de laurier. Et les Nymphes l’accompagnaient, & il les conduisait, & le bruit de leurs pieds enveloppait l’immense forêt.
Je te salue ainsi, ô Dionysos riche en raisins ! Accorde-nous de recommencer les Heures, pleins de joie, & d’arriver par celles-ci à de nombreuses années ! »
« J’invoque le rugissant Dionysos,
Premier-né aux deux sexes, trois fois revenu,
Le roi Bakkhos, farouche, ineffable, caché,
Toi, toi, toi le Sauvage de la forêt
Fol Roi de danse & d’ivresse
Je t’invoque, je t’appelle
IO EVOHE, IO EVOHE, IO IO IO
Celui aux deux cornes, aux deux formes,
Celui couronné de lierre,
Celui à face de taureau,
Guerrier, prophète, Roi de la danse,
*
Toi, toi, toi, Satyre dansant, Cornu
Gardien des secrets de l’initiation
Par le Thyrse Sacré je T’appelle
Le Vénérable, qui mange de la chair crue,
Qui porte des raisins,
Celui aux vêtements de feuillages,
Daîmôn immortel né sur d’ineffables lits.
Entends ma voix, ô Bienheureux, & sois-nous favorable,
& sois bienveillant pour tes belles nourrices.
IO EVOHE, IO EVOHE, IO IO IO
Tes dévoués […] »
*
*
Ouverture
Les participants se placent face à l’est.
- Tous font alors le tour de l’autel trois fois dans le sens des aiguilles d’une montre.
- Revenu à l’est le prêtre accompagné de l’assistance dit :
« Hekas, o hekas, este bêbêloï ! »
3. Le prêtre plonge ses mains dans le bol d’eau & il asperge d’eau l’autel & il allume ensuite le feu en disant :
« Je te consacre au nom du Dieu Bromios Sôter & je salue Sa venue en ce Temple ».
4. Les autres participants plongent alors leurs mains dans l’eau pendant que le prêtre fait brûler l’encens. Tous se parfument alors avec le parfum de leur choix.
- Après les ablutions, il encense l’autel & les participants.
- Le prêtre, avec l’index de la main gauche, enduit le front des participants d’un peu d’huile en disant :
« Ô Silence Sacré ! »
*
Première partie
Se tenant à l’est, face à l’autel, le prêtre dit :
« Ranime la flamme des torches en les secouant dans Tes mains, Iakkhos, ô Iakkhos ! astre lumineux de l’initiation nocturne ! La prairie brille de feux, le genou des vieillards recouvre sa souplesse. Ils chassent les chagrins de l’âge & les ennuis des années écoulées, grâce à la solennité. Et Toi, qui brilles d’une vive lumière, viens & guide sur cet humide tapis de fleurs une jeunesse dansante, ô heureux Iakkhos !
Qu’il garde un religieux silence & qu’il s’éloigne de nos chœurs, celui qui, étranger à ces chants, n’a point une âme pure ; ou qui n’a vu ni les orgies ni les danses des Muses ; ou qui n’a pas été initié au langage bachique de Cratinos le taurophage ; ou qui se plaît aux propos bouffons & déplacés ; ou qui, loin d’apaiser une sédition ennemie & d’être bienveillant pour ses concitoyens, les excite & les enflamme, en vue de son propre intérêt : à tous ceux-là je dis, je redis, je répète & redis encore pour la troisième fois, de céder la place à nos chœurs mystiques ! Et vous, élevez la voix & chantez nos hymnes nocturnes en usage pour cette fête !
Que chacun maintenant s’avance hardiment dans les retraites fleuries de nos prés, du pied frappant la terre, décochant la raillerie, le mot plaisant, la satire. Assez de festins ! En avant ! Que vos hommages éclatent en merveilleuses mélodies !
Déméter, souveraine des chastes orgies, sois-nous favorable & protège le chœur qui T’est consacré ; fais que je puisse toujours & sans trouble me livrer aux jeux & à la danse ; me répandre en mots plaisants & en propos sérieux, dignes de Ta fête, &, vainqueur en badinage & en raillerie, être couronné de bandelettes ! Voyons, maintenant, appelez ici par vos chants l’aimable Dieu, qui prend toujours part à vos danses.
Iakkhos vénéré, inventeur des douces mélodies de cette fête, guide nos pas auprès de la Déesse, & montre que, sans fatigue, Tu accomplis une longue route.
Iakkhos, ami de la danse, conduis-moi. »
On se rassoit, le prêtre allume les bougies rouges de l’autel, puis, par trois fois, il plonge la coupe dans le récipient de vin, il boit une coupe, s’exclame « Sponde ! » & passe la coupe à la personne à sa gauche qui fait de même.
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Seconde partie
Toujours assis face à l’est, le prêtre et les participants récitent alors l’invocation à Dionysos :
*
*
« J’invoque Dionysos, au bruit retentissant, qui crie évohé,
Premier-né, à double nature, trois fois né,
Sauvage, indicible, secret, à double corne, double forme,
Lierre-regorgeant, face de taureau, pur,
Mangeur de chair crue, vêtu de jeunes pousses,
Eubouleus aux nombreux conseils, de Zeus & Perséphone
Écoute ma voix, bienheureux, &, doux & sans reproche !
Entre & révèle-Toi à nous, Bromios !
Briseur de liens, Dispensateur de Visions Mystiques,
IO EVOHE, Dionysos !
Libérateur qui émerge des ténèbres.
Couronné de laurier, viens Dionysos Eribromios & prends-nous comme Ton véhicule
Car nos âmes Te sont dédiées.
IO EVOHE, Bakeios, Seigneur de l’Oubli !
IO EVOHE, Lysios, Seigneur de la Liberté !
IO EVOHE, Dionysos,
Vagabond des Frontières de l’Abysse,
Chevaucheur du Serpent !
Viens ! Viens ! Nous T’invitons ! Viens & inspire-nous !
Laisse-nous chevaucher le Serpent avec Toi. Eleutherios, Libérateur,
Nous sommes Tes fidèles mortels,
Faits de glaise, de rosée & d’esprit.
Entre en nous, maintenant,
Que nous soyons divins en Toi, Dionysos ! »
On lance alors une musique & tous dansent en tournoyant autour de l’autel. La joie & l’enthousiasme doivent habiter le cœur de tout un chacun & la danse se poursuivra jusqu’à ce qu’un état de frénésie extatique s’empare des participants.
Il est permis de boire & de manger pendant la danse, les caresses, les jeux de corps et les relations sexuelles sont louables.
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Festin
Débuter le festin : tous se repaissent de la viande, des raisins & des fruits disposés sur l’autel & boivent le vin.
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Clôture
On clôture par la récitation de la prière de renvoi.
« Tu as insufflé Ta lumière dans les ténèbres,
Afin de tracer la voie que les Destinées ont montrée au Sage,
Salut à Toi, Juste, Éveilleur & Joyeux,
Que Ta lumière resplendisse sur nos désirs,
Ces rites sacrés sont à présent clos par nos prières silencieuses. »
Tous s’écrient alors pour fermer le rituel : « Alêthôs anestê ! » (Il s’est vraiment relevé !)
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Textes et photographies @Spartakus FreeMann.
Superbe