Ordo Sinistra Vivendi - Philosophie & Rituels [1] | Rat Holes

Ordo Sinistra Vivendi – Philosophie & Rituels [5]

Le déchaînement du Ragnarok – « Satanisme » nordique

Tel que les Satanistes l’envisagent, le « satanique » est le principe moteur du cosmos qui, par son action destructrice, permet de dépasser l’état de stase ou la stagnation. Cette stase cosmique est parfois qualifiée « d’ordre divin », etc. cependant que ce qui la remet en cause et la bouscule est appelé « mal ». Ce « mal », dégagé de tout biais moral conventionnel, est ce que les Satanistes estiment être le facteur essentiel de l’évolution.

Les adeptes du Tantrisme comprennent très bien ce principe. À leurs yeux, il se reflète dans le jeu cosmique entre Shiva et la Shakti. La Shakti, principe féminin incarné par Kālī, est ce qui vitalise un cosmos, représenté par Shiva, qui, autrement, serait statique. « Sans Shakti, Shiva n’est qu’un cadavre » ont-ils coutume de dire.

Pour ceux dont l’ascendance est nord-européenne, il est d’une importance cruciale d’identifier le principe satanique dans leur cosmologie et leur mythologie propres plutôt que dans des mythes extra-européens. Dans le domaine germanique, nous avons des figures tout aussi « sombres », telles que Loki, Fenrir, le Serpent cosmique, Garm le chien de l’enfer et le géant du Feu, Surt.

Loki

Loki est un des dieux d’Asgard, aux côtés d’Odin – le père de toutes choses –, Baldr, Thor, Freyr, Tyr et les autres.

Sa progéniture est composée :

  • du loup Fenrir qui devint si menaçant qu’il dut être enchaîné par Tyr, ce dernier perdant une main à cette occasion ;
  • du Serpent du monde (Midgard) Jörmungandr, enroulé autour de la Terre, en deçà des océans et engloutissant sa propre queue ;
  • et de sa fille Hel, régnant sur le monde souterrain, le séjour de ceux qui ne sont pas morts au combat.

Loki abusa du dieu aveugle Hoder en lui faisant lancer un dard de gui sur Baldr, seule chose existant sur Terre à même de le tuer.

Afin de ramener Baldr à Asgard, Hermod, l’un des fils d’Odin, se rendit dans le royaume des morts. À la condition que toutes choses terrestres pleurent sa disparition, Hel accéda à la demande d’Hermod. Toutes le firent, à l’exception d’une géante qui déclara : « Vivant ou mort, le fils du vieil homme (c’est-à-dire Odin) ne m’est d’aucune utilité. Hel n’a qu’à conserver ce qui lui revient. » (l’Edda en prose [1]).

La géante n’était autre que Loki ayant revêtu une autre forme et désirant laisser Baldr en enfer.

Devant la colère des dieux, Loki s’enfuit et se jeta dans une rivière en se transformant en saumon. Il fut rattrapé cependant et parqué sur trois rochers plats. On l’y laissa, dans les affres de la douleur causée par le venin dégoûtant des crocs d’un serpent sur son visage, dans l’attente de la libération de Fenrir et du Serpent du monde au jour du Ragnarok. L’épouse de Loki, Sigyn, s’asseyait auprès de lui pour recueillir le venin dans un bol, mais à chaque fois qu’elle devait retirer ce dernier pour le vider, le poison s’écoulait à nouveau sur la face de Loki. Ses contorsions sont responsables des tremblements de terre.

Le Ragnarok

Loki doit donc attendre le Ragnarok, instant où lui, Fenrir, le Serpent de Midgard et toutes les puissances des ténèbres seront libérés et se déchaîneront sur Asgard et Midgard (la Terre). Les conflits et les guerres d’importance précipitent le Ragnarok. Un froid glacial s’abattra quand le Loup dévorera le Soleil ; la Lune aussi sera engloutie et les étoiles tomberont. Les montagnes se disloqueront, toute la Terre sera agitée de spasmes et l’Arbre du monde, Yggdrasil, en sera ébranlé.

Une fois détaché, Fenrir engloutira l’espace séparant les cieux de la Terre dans son immense mâchoire. Le Serpent de Midgard s’élèvera au-dessus des océans en crachant son venin.

Les eaux recouvreront les terres et, à la faveur de ce raz-de-marée, le navire Naglfar, composé des ongles des hommes morts, armé d’un équipage de géants du givre et commandé par Loki, s’élancera en vue de l’affrontement avec les dieux.

Depuis les royaumes enflammés du Muspell, Surt, le géant du feu, accompagné de son armée brandissant des épées flamboyantes, s’avancera pour détruire Bifrost, le pont reliant la Terre à Asgard. Il fera alliance avec Loki et ses géants pour combattre les dieux dans la plaine de Vigrid.

Au cours de cette bataille grandiose, Odin, Fenrir, Thor, le Serpent de Midgard, Freyr, Surt, Tyr, Garm, Heimdall et Loki combattront. Tous mourront, à l’exception de Surt qui finira par engloutir le monde dans les flammes avant que tous, hommes et dieux, ne soient noyés sous les flots des océans.

« Le Soleil s’assombrit. La Terre s’enfonce sous les océans.

Les étoiles brillantes tombent du ciel.

Les fumées et le feu font rage, fièrement, jusqu’à ce que les flammes commencent à lécher les cieux eux-mêmes. (L’Edda en prose)

Un nouveau paradis et une nouvelle Terre émergeront de toute cette destruction, purgés et régénérés. Les fils des dieux survivront et Baldr reviendra vivre parmi eux. Deux survivants, qui s’étaient réfugiés à l’abri d’Yggdrasil, repeupleront cette planète et un Soleil nouveau, plus brillant, se lèvera.

Donc, dans la plus pure tradition satanique, les forces du « mal » évoquées ci-dessus sont le catalyseur du renouveau. Si on ne libère pas ces Forces sombres, la stase cosmique va se prolonger.

Il est sans doute très révélateur que, de toutes les Légions ténébreuses, seul Surt survive, avec comme conséquence l’engendrement d’une nouvelle génération d’êtres sataniques qui, lorsque le temps sera venu – la stagnation réinstaurée – se soulèvera à nouveau contre les dieux. Le cycle éternel de la création et de la destruction…

Ce mythe symbolise exactement l’interaction cosmique des forces créatrices et doit être compris par tous les Satanistes de la même façon que le couple Shiva/Shakti, et non à la manière judéo-chrétienne qui l’assimile à la rivalité de Jéhovah et Satan. Odin, en effet, à la différence de Jéhovah, possède des qualités dignes d’être valorisées par les Satanistes : il est le dieu de la sagesse, de l’inspiration et de l’extase qui s’est « faustiennement » sacrifié en se pendant à Yggdrasil pour connaître le secret des runes. Les Satanistes aux inclinations nordiques peuvent donc honorer Odin et Loki. Pour la spécialiste de ces traditions qu’est H.R. Ellis Davidson [2], Loki pourrait même être considéré comme « l’ombre » d’Odin, ce qui est une opinion tout aussi plausible qu’exploitable d’un point de vue satanique.

Dans la conception judéo-chrétienne des choses, tous les dieux nordiques étaient, bien sûr, vus comme des « démons », Odin de même que Loki, Thor ou Fenrir.

Accessoires

– accoutrements rappelant ceux des anciens Nordiques (casque à cornes, etc.) ;

– un couteau gravé de runes ;

– objets à placer au milieu de l’autel : une grande « rune [3] » du Loup (Wolf’s Angles/Hook [4] ), un brasier ou une grosse bougie différente des bougies noires habituelles ;

– un calice ou une corne rempli(e) d’hydromel ou de toute autre boisson parfumée au miel, alcoolisée ou non ;

– un récipient rempli d’eau et de la corde.

Déroulement

Note : ce rituel vise à célébrer le Ragnarok, à rendre hommage aux Dieux sombres qui le rendirent/rendront possible et à les invoquer en tant qu’archétypes présents dans notre inconscient.

(1) Rituel d’ouverture

Le prêtre :     – fait sonner neuf fois la cloche ;

                        – allume les bougies sur l’autel ;

– brandit la dague et dessine en l’air la rune du Loup, puis, désignant les quatre points cardinaux, déclare :

                       # Nord : « Garm, chien de l’enfer. » ;

                       # Ouest : « Jörmungandr, Serpent de Midgard. » ;

                       # Sud : « Surt, seigneur du Muspell. » ;

                       # Est : « Fenrir, loup dévorateur. » ;

– allume la bougie centrale ;

– (faisant face à l’autel, le bras tendu tenant la dague et l’assemblée l’imitant) « Ancêtres, Anciens et Eternels, nous vous invoquons. » ;

– (prenant le calice et y plongeant la dague) « Loki et Baldr, ténèbres et lumières – Nerthus et Odin, terre et ciel.

Les polarités opposées sont réunies, et nous aussi ne faisons plus qu’un ! ».

Tous :             – boivent au calice.

(2) Rituel du Ragnarok

Le prêtre :     – trace en l’air la rune de Kenaz [5] (rune du feu créateur, liée à Loki) ;

                        – « Salut à toi, Loki ! » ;

Tous :             – (levant leurs couteaux) « Salut à toi, Loki ! » ;

Le prêtre :     – « Les puissances des ténèbres sont libérées. » ;

– (pointant sa dague en direction de la flamme centrale) « Feu de Surt, embrase ce monde ! Salut à toi, Surt ! » ;

Tous :             – (dagues levées) « Salut à toi, Surt ! » ;

Le prêtre :     – se saisit du bout de corde et le brûle avec la bougie ou le brasier central(e) ;

                        – dessine en l’air la rune du Loup ;

– « Fenrir déchaîné, Asgard et Midgard sont tiens pour le ravage. Salut à toi, Fenrir ! » ;

Tous :             – (dagues levées) « Salut à toi, Fenrir ! » ;

Le prêtre :     – prend le récipient d’eau, dessine la rune de Iar [6] (rune du Serpent de Midgard, associée à Jörmungandr) au-dessus d’elle et projette de l’eau dans la direction des quatre points cardinaux avec la dague ;

                        – « Midgard est englouti par les flots. Jörmungandr surplombe le monde. Que Naglfar soit lancé.

                        Les chaînes de Fenrir sont brisées en morceaux et le Loup va chasser,

                        C’est l’âge de la hache, l’âge de l’épée.

                        Le monde tombe en ruines. Personne ne sera épargné.

                        Venez recevoir la marque du destin et vous préparer pour la bataille. » ;

Tous :             – les participants s’avancent, un à un ;

Le prêtre :     – trace la rune du Loup (dans sa variante « rune du destin » [Swastika]) avec son doigt mouillé sur le front de chaque participant ;

Tous :             – lèvent leurs dagues ;

Le prêtre :     – « Les cieux vont s’enténébrer, et Midgard s’enfoncer sous les eaux. Les étoiles brillantes vont tomber du ciel.

                        Les fumées et le feu feront rage jusqu’à ce que leurs flammes lèchent les cieux eux-mêmes. Alors la Terre pourra renaître, pleine de splendeur. Et Surt survivra. Et Baldr revivra. Car les pouvoirs des ténèbres sont éternels. » ;

                        – trace une rune de Sowilo [7] (rune associée à la notion de renouveau) en l’air avec sa dague ;

                        – « Salut à toi, Surt ! » ;

Tous :             – (dagues brandies) « Salut à toi, Surt ! » ;

Le prêtre :     – « Salut à toi, Baldr ! » ;

Tous :             – « Salut à toi, Baldr ! ».

(3) Rituel de clôture

Tous les participants lèvent leurs dagues, bras tendus, en répétant chacune des phrases prononcées par le prêtre :

« Salut à vous, Ancêtres !

Le crépuscule s’est produit

Le crépuscule des dieux

L’aurore apparaît à l’Est

C’est le Matin de la magie

Le monde est vivant

Loki arpente la Terre. »

Le prêtre fait sonner la cloche neuf fois, éteint les bougies et dit : « C’en est fait ».

*

Rituel de reconstruction du temple de Baphomet

Les Templiers furent un Ordre de croisés, fondé en 1118 par Hugues de Payns et Godefroi de St. Omer. Leurs objectifs premiers étaient de protéger les pèlerins se rendant en Terre sainte et de défendre Jérusalem afin de reconstruire le Temple de Salomon.

Rapidement, ils devinrent un Ordre de banquiers et de commerçants riches et puissants et nouèrent des contacts avec la secte des Assassins et les Gnostiques opposés à la prédication de Jésus qui vivaient au Levant.

Baphomet (du Grec « Baphe Metios [8] », littéralement « baptême ou absorption de la Sagesse », ce qui est significatif de la dimension gnostique de l’Ordre) en vint à remplacer Jésus comme divinité révérée par les Templiers. L’image d’un crâne humain ou d’un visage barbu auquel les chevaliers rendaient leur culte en échange de la prospérité, de la sagesse et de la fertilité a souvent été employée dans ce cadre.

En 1307, l’Église condamna les Templiers pour hérésie. Le roi Philippe IV et le pape Clément V s’opposèrent à l’Ordre, faisant emprisonner et torturer des centaines de chevaliers. On les accusait d’adorer le démon, de cracher sur le crucifix et de le piétiner, de pratiquer la sodomie et d’être des idolâtres. Leur procès commença en France en 1314. Le Grand Maître de l’Ordre, de Molay, fut de ceux qui périrent sur le bûcher, maudissant le roi et le pape alors que les flammes l’engloutissaient (tous deux moururent d’ailleurs dans l’année).

Les accusations officiellement portées contre les Templiers ont souvent été considérées par les auteurs contemporains comme fantaisistes : Philippe désirait essentiellement s’emparer de leurs richesses. Il semblerait qu’aucune idole à l’image de Baphomet n’ait jamais été retrouvée.

Malgré cela, ces dernières années ont vu fleurir plusieurs temples et églises templières incorporant à leur décorum, outre quelques symboles gnostiques, des figures hermaphrodites démoniaques, ailées, cornues et barbues. Le temple de Lanleff, en Bretagne, ne contient aucune iconographie chrétienne, mais des gravures d’humains, de béliers et de boucs s’accouplant avec des moutons, et des tracés suggérant un pentagramme. Décoration curieuse pour un Ordre censé être chrétien [9].

L’une de ces gravures est celle d’un homme accroupi, une main étrangement grande reposant sur l’un de ses genoux. Elle a été surnommée « le Baphomet de Lanleff [10] » et ressemble au Baphomet de la Commanderie de St-Bris-Le-Vineus (décrite ci-dessus [11]), un bâtiment templier (cf. Michael Bakewell, L’homme, le mythe et la magie vol. 7 – Le temple de Lanleff [12]).

Le rituel qui va suivre a été conçu sur la base de ce que l’on connaît du symbolisme et de la terminologie templières. Le nombre 8 et la forme octogonale présentaient une importance certaine aux yeux de l’Ordre ; l’évocation de Baphomet est inspirée d’une inscription gravée sur un coffre templier découvert en Bourgogne ; la phrase employée pour renier Jésus et la réponse qu’elle provoque (« Yalla [13] », un mot d’origine sarrasine) sont extraites des minutes des interrogatoires pratiqués par l’Église ; la légende faisant de Jésus le fils d’un légionnaire romain et d’une prostituée fut empruntée par les Templiers aux sectes gnostiques, déduction tirée par ces derniers de leur connaissance des histoires juives (notamment du Talmud et du Sepher Toldos Jeshu [14]).

Dans ce rituel également, la croix aux brins de longueur égale placée au sommet du triangle renvoie au triomphe des désirs et besoins charnels et à la négation de la Trinité.

Préparation

– La représentation de Baphomet est l’élément central de la cérémonie et doit être posée sur l’autel, entourée de bougies noires. Elle peut prendre la forme d’un crâne, d’une tête barbue et cornue ou d’une statuette correspondant aux descriptions données plus haut dans le texte. Elle peut être faite de n’importe quelle matière ;

– des ceintures de corde – une par participant – enroulées autour du Baphomet ou attachées à lui ;

– un crucifix retourné, placé sur le sol, devant l’autel ;

– un calice rempli de vin (le Graal de la Sagesse) ;

– un bâton ou un fléau surmonté d’un octogone ;

– une cloche ;

– le Grand Maître (prêtre) et l’assistant se tiennent des deux côtés de l’autel, les autres célébrants, disposés en demi-cercle, lui font face.

Déroulement

L’assistant :  – allume les bougies et fait sonner la cloche huit fois ;

Le prêtre :     – à l’aide du bâton, il dessine en l’air une croix dont les bras font la même taille et un triangle, pointe tournée vers le bas ;

                        – « Je déclare ce Temple ouvert. Que chaque Templier s’avance et communie avec Baphomet» ;

Tous :             – un par un, se rapprochent de l’autel et piétinent le crucifix ;

Le prêtre :     – (à chaque participant) « Je reney Jhesu, Je reney Jhesu, Je reney Jhesu. » ;

Tous :             – (répondant au prêtre à tour de rôle) « Yalla ! Yalla ! Yalla ! » ;

Le prêtre :     – tend une ceinture à chaque participant ;

Tous :             – prennent leur ceinture, l’embrassent et la nouent autour de leur taille ;

                        – « Béni soit celui qui sauvera mon âme. » (chacun retourne à sa place) ;

Le prêtre :     – « Partageons le Graal de la Sagesse. Que jamais vous ne cessiez de poursuivre son essence. » ;

L’assistant :  – fait passer le calice parmi les célébrants ;

Le prêtre :     – « Que Metios soit célébré, lui qui fait bourgeonner et fleurir les choses. Il est notre racine ; il est 1 + 7 ; abjurez votre foi et abandonnez-vous à tous les plaisirs. » ;

L’assistant :  – fait tinter la cloche huit fois ;

Le prêtre :     – « Écoutez maintenant l’histoire véritable de Jésus l’imposteur telle qu’elle nous a été transmise dans les temps anciens par les Initiés de l’Orient.

                        Il est né de la prostituée Miriam et du soldat romain Pandera et fut nommé Yeshua ben Pandera.

                        Dans son enfance, il fut amené en Égypte par le rabbin Joseph. Là, il entra dans la prêtrise et y apprit les secrets de la magie. À son retour à Jérusalem, on lui fit le récit de ses origines. Il dut quitter la synagogue et se réfugier en Galilée.

                        Proclamant qu’il était le fils de Dieu annoncé par Isaïe, il essaya de tromper Israël et les rabbins le traitèrent comme un magicien et un bandit.

                        Avec l’aide d’une horde de trois-cents galiléens, Yeshua ben Pandera entreprit alors de s’emparer de Jérusalem et de se faire couronner roi d’Israël. Grâce à Judas Iscariote, il fut enfin capturé, puis condamné par le Sanhedrin à être lapidé à mort et pendu.

                        Son cadavre fut ensuite dérobé par ses disciples qui affirmèrent qu’il était monté dans les cieux, mais qu’il reviendrait en gloire.

                        C’est ce fils d’un soldat romain et de la prostituée Miriam qui devait être adopté par une secte messianique insignifiante et que le Christianisme désigna ultérieurement sous le nom de Jésus. Ainsi ben Pandera devint-il Jésus, le fils de Dieu.

Je reney Jhesu, Je reney Jhesu, Je reney Jhesu ! » ;

Tous :             – « Yalla ! Yalla ! Yalla ! » ;

Le prêtre :     – « Au nom de Jacques de Molay et de tous les Templiers martyrs, par le pouvoir de Baphomet, que le trône papal s’effondre et que Rome s’écroule.

                        Et mort à celui qui trahira notre Ordre !

                        Salut à toi, Baphomet ! » ;

Tous :             – « Salut à toi, Baphomet ! » ;

L’assistant :  – fait retentir la cloche huit fois et éteint les bougies.

*

La Messe noire

Bien que certains auteurs occultistes affirment que la Messe noire est une invention relativement récente des aristocrates et prêtres défroqués de la France du XVIIe siècle, les origines de cette inversion rituelle de la messe chrétienne remontent au moins au VIIe siècle. À cette époque déjà, le Concile de Tolède avait dénoncé l’existence d’un tel rituel de mort et de destruction. Il devait être accompli, dans une église en ruines, par un prêtre assisté d’une femme ayant copulé avec lui, en utilisant une Ostie noire et triangulaire et de l’eau courante à la place du vin.

La Messe noire constitue à la fois un blasphème à l’encontre des Nazaréens et un moyen efficace de produire les énergies magiques qui précipiteront la fin de l’Éon actuel.

Préparation

– un autel drapé de noir sur lequel est étendu(e) nu(e) un homme ou une femme, les bras étirés et tenant des bougies noires ;

– un calice rempli de vin entre ses cuisses ;

– un plat « d’Osties » (des bouts de pain) posé sur son ventre ;

– une arme magique (dague, épée, fléau) ;

– une cloche ;

– un crucifix inversé placé bien en évidence ;

– à proximité de l’autel et dominant ce dernier, une représentation de Satan (image, statuette). À défaut, un célébrant peut porter un masque de bouc.

Déroulement

L’assistant :  – allume les bougies et fait retentir la cloche neuf fois ;

Le prêtre :     – trace un pentagramme inversé en l’air avec son arme magique puis se tourne en direction des quatre points cardinaux successivement :

                                               # Sud : « Sanctus Satanas ! » ;

                                               # Est : « Ave Satanas ! » ;

                                               # Nord : « Rege Satanas ! » ;

                                               # Ouest : « Dominus Satanas ! » ;

                        – se retourne vers les participants et fait le Signe du Cornu, le bras gauche tendu ;

                        – « Salut à toi, Satan ! » ;

Tous :             – (lui retournant son salut) « Salut à toi, Satan ! » ;

Le prêtre :     – (les phrases du prêtre sont répétées par tous les participants au fur et à mesure qu’elles sont prononcées) «  Notre Père qui êtes en Enfer,

Que ton nom soit sanctifié.

Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur Terre comme en Enfer.

Donne-nous notre extase de ce jour.

Guide-nous vers la tentation et abandonne-nous au mal.

Ce royaume est le tien, et la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles ! » ;

– « Sombre Seigneur, écoute-nous !

Je ne crois qu’en un seul prince, Satan, le Seigneur de cette Terre,

                        Et en une seule Loi, celle de la Force et du Feu,

                                   Qui triomphe de tous.

                                   Je ne crois qu’en un Temple, le Temple de Satan,

                                   Et en un mot qui triomphe de tout,

                                   L’Extase.

                                   Et je loue notre Seigneur,

                                   Satan, celui qui donne le Feu.

                                   Et j’attends son règne.

                                   Et les plaisirs à venir ! » ;

                        – « Que Satan soit avec vous. » ;

L’assistant :  – sonne neuf fois la cloche ;

Le prêtre :     – « Bénis soient les forts, car la Terre leur appartiendra.

Maudits soient les faibles, ils hériteront du joug !

Bénis soient les puissants, car les hommes les adoreront.

Maudits soient les médiocres, ils tomberont dans l’oubli !

Bénis soient les audacieux, car ils domineront la Terre.

Maudits soient les humbles vertueux, les sabots fourchus les fouleront !

Car notre loi est celle de la force, et la Joie du monde.

Les esclaves doivent servir. » ;

L’assistant :  – sonne neuf fois la cloche ;

Le prêtre :     – « Ainsi parlait Satan : Ô Hommes, écoutez-moi,

Regardez le crucifix. Que symbolise-t-il ? L’incompétence blafarde suspendue à un arbre.

Ouvrez les yeux et vous verrez, Ô Hommes à l’esprit malléable ; et écoutez-moi !

Car je me dresse face aux lois des hommes et de Dieu et je les défie.

J’exige de connaître les raisons de votre Loi d’or et je demande le pourquoi et le comment de vos Dix commandements.

           Ne pliez les genoux devant aucun dieu ; celui qui dit “Tu dois”, celui-là est votre ennemi mortel.

Je trempe mon index dans le faible sang de votre sauveur impuissant et fou et j’écris au-dessus de sa couronne d’épines :

“Roi des esclaves, idoles des imbéciles.”

Ne laissez aucun culte ou dogme vous enchaîner.

En moi, toutes les conventions sont détruites.

Je porte la bannière de ceux qui sont forts et nobles.

Je darde mon regard sur les yeux vitreux de votre dieu tyrannique et je lui tire la barbe ;

J’élève ma puissante hache et je fends son crâne dévoré par les vers.

Prenant d’assaut les façades suppurantes de vos dogmes les plus saints, j’y inscris en lettres flamboyantes de mépris : “Tout cela n’est que mensonge”.

Je renie tout et je remets tout en question, car il n’y a pas de vérité.

Rassemblez-vous autour de moi, Ô vous, mes Élus. La Terre sera notre. » ;

– il pointe l’arme magique sur le plateau d’Osties ;

« Toi que, en ma qualité de prêtre, je contrains, que tu le veuilles ou non, à descendre dans cette Ostie, à t’incarner dans ce pain : Yeshua, artisan de la tromperie indûment révéré, gâcheur des plaisirs, écoute-moi ! Nous louons ceux qui plantèrent les clous et enfoncèrent la lance dans ton corps. Yeshua, imposteur ! Nous te renions, toi le Nazaréen, et toute ta postérité ! » ;

– lève le calice ;

– « Partageons le Graal de Vie, l’Élixir de la Sagesse, Élus de Satan ! » ;

– éclabousse d’un peu de vin le célébrant allongé sur l’autel ;

L’assistant :  – présente le calice à chacun des participants puis le ramène sur l’autel ;

Le prêtre :     – « Yeshua, nous te renions ! » ;

Tous :             – « Yeshua, nous te renions ! » ;

Le prêtre :     – « Satan, nous sommes à tes côtés ! » ;

Tous :                         – « Satan, nous sommes à tes côtés ! » ;

Le prêtre :     – touche les organes génitaux de la personne allongée avec l’Ostie, puis la jette au sol ;

Tous :             – piétinent l’Ostie avec frénésie, pendant que le prêtre chante :

Le prêtre :     – « Sanctus, Satanas, sanctus ! Sanctus, Satanas, sanctus ! etc. ».

*

NOTES

[1] [NdT] Autrement appelée l’Edda de Snorri.

[2] [NdT] L’auteur fait référence à l’ouvrage de Davidson paru en 1964 et intitulé Gods and Myths of Northern Europe (Dieux et mythes de l’Europe du Nord).

[3] [NdT] Le terme de « rune » couramment employé à son sujet est impropre : il s’agit d’un symbole n’appartenant à aucun Futhark.

[4] La rune Wolfsangel :Wolfsangel_1

[5] Kenaz : Unknown

[6] Iar :

[7] Sowilo :

[8] [NdT] « Bapho Metous » serait plus correct. Dans les deux cas, il s’agit d’une étymologie extrêmement hasardeuse que rien ne vient étayer solidement.

[9] [Ndt] En réalité, rien ne permet d’affirmer de façon catégorique l’origine ou l’usage templière/templier du Temple. Certains y ont vu un temple celtique, d’autres un sanctuaire romain etc. L’hypothèse la moins faible à l’heure actuelle en fait une église romane bâtie au XIème siècle, sur le modèle du Saint Sépulcre, mais cela reste très théorique. Elle aurait été financée par de riches pèlerins revenant de Jérusalem, d’où, sans doute, les rumeurs relatives à son utilisation par les Templiers ou les Hospitaliers de St Jean de Jérusalem.

[10] [NdT] L’auteur romance un peu pour servir son propos : le surnom le plus commun de la gravure qu’il évoque est « l’Adam pudique » (Olivier Pagès), une représentation d’un homme pourvu de mains disproportionnées à quatre doigts. Son pendant féminin existe aussi à Lanleff d’où la théorie selon laquelle il s’agirait de représentations d’Adam et Eve dans le paradis perdu.

[11] [NdT] Là aussi, il doit s’agir d’un texte antérieur à l’Ordo Sinistra Vivendi au sens strict du terme, probablement repris de l’OLHP, et faisant référence à un écrit qui, lui, n’apparaît plus ici.

[12] Michael Bakewell, Man, Myth & Magic vol. 7 – The Temple of Lanleff.

[13] [NdT] Abbréviation arabe de Ya Allah (يا ألله – Ô Dieu), employée dans le sens de « Allons-y ».

[14] [NdT]  ספר תולדות ישו (Livre des engendrements de Jésus), document composite d’origine juive, opposé au Christianisme dont la version « finale » semble remonter au Moyen-Age.

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