Ordo Sinistra Vivendi - Philosophie & Rituels [2] | Rat Holes

Ordo Sinistra Vivendi – Philosophie & Rituels [2]

*

Première partie – La philosophie de l’Ordo Sinistra Vivendi

*

Friedrich Nietzsche, le marteau de Satan

« Le Livre de la loi annonce une nouvelle dichotomie au sein de la société humaine : il y a le maître et il y a l’esclave, le noble et le serf, le “loup solitaire” et le troupeau. Nous pouvons considérer Nietzsche comme l’un de nos prophètes. »

Aleister Crowley

« Comment philosopher avec un marteau » est le sous-titre du Crépuscule des idoles [1] de Nietzsche et résume bien, en effet, la physionomie générale de sa philosophie.

Nietzsche est le marteau qui pulvérisa les Tables de la loi de Moïse, la croix de Jésus ainsi que la tête de Marx et Rousseau. Il se dresse tel le grand Adversaire, pour reprendre la façon dont les Hébreux décrivent leur conception de Satan, de toutes les idéologies, religions et morales d’esclaves qui auraient pour finalité de rabaisser l’humanité à l’état de troupeau indifférencié et égalitaire.

La philosophie de Nietzsche est tendue vers la destruction des anciennes morales et œuvre à en ériger une nouvelle qui rende possible l’apparition d’un Homme supérieur.

Comparons maintenant la pensée nietzschéenne à la philosophie néo-sataniste élaborée par Anton LaVey.

LaVey évoque le conformisme grégaire comme l’un des « péchés sataniques ». « Seuls les imbéciles suivent le troupeau » écrit-il avant de mettre en garde son lecteur contre le risque d’être « réduit en esclavage par la masse. » [2]

Dans Par-delà le bien et le mal, Nietzsche affirme que « la dégénérescence collective de l’homme dans laquelle les lourdauds et les imbéciles socialistes d’aujourd’hui voient “l’homme de demain” – leur idéal –, cette dégénérescence de l’homme et sa réduction à l’état de parfait bétail, sa transformation en animal insignifiant aux droits égaux et aux prétentions équivalentes sont possibles (…) Qui a envisagé ne serait-ce qu’une fois cette éventualité avec toutes ses implications fait l’expérience d’un nouveau genre de dégoût – il entrevoit peut-être aussi une nouvelle mission à accomplir ! » [3]

L’ego occupe une place centrale dans la philosophie de Nietzsche comme dans celle de LaVey. « En fait, le Satanisme est la seule religion à défendre et encourager le renforcement de l’ego (…) Les tenants habituels de la religion maintiennent la discipline parmi leurs adeptes en réprimant leur ego. En les faisant se sentir inférieurs, ils s’assurent que leur dieu conserve sa stature imposante. De son côté, le Satanisme incite ceux qui s’en réclament à développer fortement le leur : il leur donnera l’estime de soi minimale pour mener une vie intense en ce monde. » [4]

Nietzsche précise toutefois que « la valeur naturelle de l’égoïsme varie en fonction de la valeur physiologique de celui qui l’exprime : elle peut être très grande comme nulle et méprisable. Chaque individu doit être apprécié selon qu’il représente le mouvement ascendant ou descendant de la vie. Dès lors qu’il a opté pour l’un ou l’autre, il a, par là même, établi la règle permettant de mesurer la valeur de son égoïsme. Si l’individu représente le courant ascendant, alors sa valeur est véritablement extraordinaire et, pour le bien de la collectivité à laquelle il appartient et a permis de faire un bond en avant, une attention extrême devrait même être portée à sa préservation et à la création des conditions qui lui sont le plus favorables. S’il représente au contraire le courant descendant, la décomposition, la dégénérescence chronique, la maladie… sa valeur n’est alors pas très grande.» [5]

Il y a donc une hiérarchie entre les êtres humains en fonction de leur valeur, antithèse inégalitaire des morales, religions et idéologies nivelantes de l’homme massifié. Et ce sont ces dernières la cause des calamités et bains de sang endurés par l’humanité à l’occasion de ses tentatives d’instauration d’une égalité impossible. Notre civilisation a connu de semblables périodes : la Terreur révolutionnaire française ou la Terreur rouge pour ne citer que deux exemples.

Pour Nietzsche, l’individu supérieur est au-dessus de la masse, il est « l’Homme supérieur », une étape intermédiaire entre l’homme de la masse et le « Surhomme », ce dernier constituant une forme d’existence plus élevée.

LaVey se réfère à « l’Homme supérieur » lorsqu’il écrit à propos de l’individu qui dépasse le troupeau : « les muscles de Satan tressaillant sous sa chair, soit il se détache des caquètements vertueux, soit il se tient fièrement en des lieux secrets de la Terre et manipule les foules idiotes à l’aide de sa puissance satanique dans l’attente du jour où, tout auréolé de sa splendeur, il pourra revenir en proclamant “Je suis un Sataniste ! Prosternez-vous, car je suis l’incarnation la plus haute de la vie humaine !” » [6]

« “Vous, les solitaires d’aujourd’hui, qui vous êtes séparés de la société et dont doit s’élever une nouvelle élite destinée à s’opposer au règne de la populace et à réécrire le mot “noble” sur de nouvelles Tables de la loi…” Il conseilla alors à l’Homme supérieur de quitter la place du marché [la société de masse] où la foule amassée hurlait “nous sommes tous égaux devant Dieu.” », [7] relate Nietzsche dans un registre similaire.

La conception laveyenne du Sataniste comme « incarnation la plus haute de la vie humaine » est celle de l’Homme supérieur nietzschéen toisant la masse.

« Je qualifie le Christianisme de religion de la pitié, écrit Nietzsche. La pitié est l’antithèse des émotions toniques qui fortifient l’énergie procurée par la sensation d’exister : elle a un effet dépressif. L’apitoiement provoque l’affaiblissement. (…) D’une manière générale, la pitié contrecarre la loi de l’évolution qui est une loi de la sélection. Elle préserve ce qui est mûr pour la destruction, elle protège les condamnés et les déshérités de la vie et, à cause de l’abondance de spécimens maladifs de toutes sortes dont elle permet la survie, elle donne à la vie elle-même une dimension sinistre et critiquable. On en est venu à considérer la pitié comme une vertu (elle est une faiblesse au regard de toute moralité noble) ; on est allé encore plus loin en la définissant comme LA vertu. (…) Cette tendance contagieuse et dépressive s’oppose aux instincts tournés vers la préservation et la valorisation de la vie : en tant qu’elle est à la fois un amplificateur de la misère et un facteur de conservation de tout ce qu’il y a de misérable, elle est l’un des instruments par excellence de l’aggravation de la décadence. » [8]

LaVey détaille le nouveau credo de l’Homme – satanique – supérieur, de celui qui rejette la pitié : « Bénis soient les forts, car la Terre leur appartiendra – maudits soient les faibles, ils hériteront du joug ! Bénis soient les puissants, car les hommes les adoreront – maudits soient les médiocres, ils tomberont dans l’oubli ! Bénis soient les audacieux, car ils domineront la Terre – maudits soient les humbles vertueux, les sabots fourchus les fouleront ! » [9]

En empruntant la terminologie nietzschéenne, c’est ainsi que se présente la « morale des maîtres » par opposition à celle des « esclaves ». L’être humain « de type noble » que nous appelons « Sataniste » se sépare de ceux dont la nature est celle d’esclaves : « les lâches, les timides, les mesquins – tous doivent être méprisés de la même manière que l’on méprise ceux qui s’abaissent eux-mêmes, ces êtres humains semblables à des chiens qui se laissent maltraiter, les vils flatteurs et, par-dessus tout, les menteurs. » [10]

« Que les sophismes en vigueur soient retirés de leur piédestal, déracinés, brûlés et détruits, car ils sont une menace permanente pour toute noblesse de pensée et d’action » [11] ajoute LaVey.

Cela recoupe très exactement la logique sous-tendant l’attaque de Nietzsche contre le Christianisme et les autres fois d’esclaves : « Il ne faut pas embellir ou travestir le Christianisme : il mène une lutte à mort contre le type d’homme supérieur, il frappe d’exclusion tous les instincts fondamentaux et, d’eux, il a extrait un mal, Le Mal, c’est-à-dire l’homme fort comme modèle-type de ce qui est répréhensible et doit être rejeté. Le Christianisme prend le parti de tout ce qui est faible, inférieur et maladif ; de l’opposition aux instincts de préservation de la vie forte, il a fait un idéal. » [12]

*

La race de dieux à venir

« Il est maintenant du devoir de l’homme supérieur d’engendrer les enfants de l’avenir. La qualité est désormais plus importante que la quantité. Un seul enfant adoré qui saura créer sera plus important que dix en mesure de simplement produire – ou même cinquante capables de croire ! L’existence de l’homme-dieu sera évidente même pour les moins éveillés qui assisteront au miracle de sa créativité. » [13]

Anton LaVey, Grand prêtre de l’Église de Satan

« Il n’y a pas d’autre dieu que l’homme » écrit Crowley dans son manifeste, le Liber Oz. Il ajoute : « Tout homme et toute femme est une étoile ». [14]

Cependant, Crowley reconnaissait également que certaines étoiles brillaient plus que d’autres et que sa philosophie de la liberté individuelle reposait sur une autodiscipline exigeante et une volonté de fer (Thelema), adaptées à une élite, mais pas à l’homme de la masse.

« Il est inutile de prétendre que les hommes sont égaux, les faits le contredisent » écrivait-il à ce sujet. Adoptant la distinction nietzschéenne entre la morale des maîtres et celle des esclaves, Crowley considérait l’individu moyen comme un imbécile, dépourvu de volonté propre, inerte, une non-personne sans caractère, à la différence de « l’homme de Thelema ». [15]

Quand les Satanistes affirment que l’homme est son propre dieu, il doit être bien clair qu’ils ne parlent pas de l’homme massifié, toute cette humanité commune et indifférenciée. C’est à l’Homme supérieur, cette minorité créative, étape intermédiaire entre l’homme de la masse actuel et le Surhomme à venir dans la vision nietzschéenne, qu’il est fait référence. L’homme n’atteindra au divin qu’à travers ce type humain et en totale opposition avec le troupeau : il poursuivra alors son évolution, jouant parmi les étoiles.

En conséquence, le Satanisme est nécessairement anti-égalitaire et antidémocratique, car les credo de l’égalité et de la démocratie ne consistent en rien d’autre que la tyrannie de la populace (et des démagogues qui l’encadrent) s’exerçant contre la minorité créative.

« Vous êtes contre le peuple, vous, mes élus » affirme le Livre de la Loi [16], avant que Crowley ne poursuive : «  La condamnation de l’hypocrite démocratie (…). “Le peuple” désigne ici cette race de chiens bons à fouetter, hypocrite, pleurnicharde et servile qui refuse d’accepter sa divinité (…). Lorsque les troubles se déclencheront, nous, les aristocrates de la liberté, depuis nos châteaux ou nos maisons de campagne, nos tours ou nos immeubles, nous verrons la foule des esclaves se dresser contre nous. » [17]

Nietzsche a déblayé la voie vers le divin des croyances d’esclaves. Il en appelle à l’Homme supérieur pour que ce dernier prenne conscience de son identité unique et exerce sa volonté afin de paver le chemin qui conduit au Surhomme, à l’homme-dieu – celui en lequel la bible judéo-chrétienne voit l’engeance de Satan [18].

La Volonté n’est rien d’autre que ce qui est inhérent au Soi et manifesté par l’individu. Les gènes déterminent la Volonté et Crowley comme Nietzsche admettaient que la sélection génétique soit le moyen pratique permettant de réaliser la Race divine en l’homme. Un concept plus connu sous un nom particulier…

*

L’eugénisme

Ainsi, Nietzsche écrit-il : « Vous êtes jeune, désirez vous marier et avoir des enfants. Je vous le demande alors : êtes-vous un homme qui DEVRAIT désirer un enfant ?

Je vous demande donc : êtes-vous le vainqueur, le conquérant de soi, le maître de ses sens, le seigneur de ses vertus ?

Vous ne devriez pas seulement vous projeter en avant, mais aussi vers le haut… vous devriez créer un créateur… » [19].

Quant à Crowley, son commentaire du Livre de la Loi contient le passage suivant : « Quels ont été les résultats de nos beaux discours chrétiens ? Au bon vieux temps, il y avait une sorte de sélection naturelle ; des neurones et de l’endurance étaient nécessaires pour survivre, et donc la race s’améliorait. Puis nous nous dîmes – oh ! – que nous en savions beaucoup plus et que nous avions la loi du Christ et d’autres niaiseries. Les incapables se multiplièrent ensuite et contaminèrent les individus sains. Ne devrions-nous pas plutôt œuvrer à l’amélioration de l’humanité ? » [20]

*

Le contexte historique de l’eugénisme

Dans l’Antiquité, l’eugénisme était pratiqué par les Spartiates et les Grecs de l’Attique, entre autres, et reflétait la fermeté et le degré de civilisation de ces peuples.

En tant que mouvement scientifique moderne, il fut fondé à la fin du XIXe siècle par Sir Francis Galton et atteignit son apogée dans les années 1920 et 1930.

Depuis que l’eugénisme a été confondu avec les excès supposés d’Hitler dans le domaine, les partisans de l’égalitarisme ont réussi à en faire une science hérétique. Heureusement, il existe toujours des scientifiques assez valeureux pour braver les interdits abusifs imposés en vertu de la foi égalitaire et se faire les défenseurs des mesures eugéniques indispensables si l’humanité veut, au minimum, conserver son état de développement actuel.

Le Dr Elmer Pendell, démographe, était en effet arrivé à la conclusion que les civilisations s’effondrent lorsque les individus les moins bien dotés génétiquement prolifèrent aux dépens de ceux qui sont créatifs et intelligents et qu’elles ont accédé à un stade de confort matériel tel que la sélection naturelle ne joue plus. « Les hommes n’ont plus besoin de cerveau et de caractère pour survivre. Le processus d’élimination s’est interrompu. Le taux de natalité des idiots est plus élevé que celui des personnes intellectuellement douées. » [21]

Aucun des excès attribués au régime hitlérien ne serait nécessaire à la mise en application des principes de l’eugénisme. Des mesures financières incitatives ou dissuasives (sous la forme d’allocations spécifiques, de taux d’imposition variables, etc.) permettraient de stimuler la natalité des meilleurs et de décourager celle des autres : il s’agit là de l’inverse exact des politiques actuellement mises en œuvre par la plupart des gouvernements. Par ailleurs, Pendell soutint également l’adoption de lois sur le mariage prenant en compte le facteur génétique, de même que la création d’une Instance génétique humaine supervisant la politique familiale.

De telles mesures soulèveraient bien entendu des hululements de protestation provenant de divers secteurs : des libertariens de droite aux égalitaristes de gauche, du clergé chrétien – pour qui chaque vie est égale et sacrée devant Dieu – à ceux des Satanistes dont le « Satanisme » justement n’est rien de plus qu’un individualisme mesquin et exacerbé confinant au nihilisme.

L’eugénisme reste toutefois le seul moyen pratique permettant à l’humanité non seulement d’arrêter le processus de déclin dysgénique actuel, mais également de prendre le chemin qui mène au divin… à une nouvelle forme d’humanité qui pourra s’ébattre au milieu des étoiles : l’Homo Galactica.

*

L’âme faustienne

 « Le péril est la voie la plus courageuse pour atteindre le bonheur

Et la résolution est le but le plus noble que l’honneur puisse concevoir

Quelle gloire peut-on trouver à convoiter un bien commun

Que n’importe quel paysan peut obtenir ?

Je préfère ce qui vole hors de ma portée. »

Docteur Faust [22]

L’esprit est ce qui pousse une minorité unique en son genre, en quête – ces personnes rares qui délibérément s’excluent de la masse grouillante, de ses dogmes et de son conformisme –, à tout risquer dans sa recherche de la connaissance interdite.

Les inventeurs, les aventuriers, les génies excentriques, les adversaires de l’orthodoxie et du dogme, les hérétiques de toutes les époques, responsables des réussites historiques et des grandes découvertes : tous participent de cet esprit, poussés par leur Daïmôn [23] à s’affranchir des normes.

Rien n’a pu les détourner de la mission qu’ils se sont attribuée, ni les persécutions ni les calomnies, les menaces de châtiment divin, les bûchers ou la torture.

Ces âmes (du Grec, psychè) peuvent être qualifiées d’authentiquement faustiennes en référence à la façon dont le grand Marlowe dépeint ce désir insatiable et ardent qui les anime dans son interprétation de la légende de Faust l’érudit-magicien.

*

La légende de Faust

Né à Weimar en Allemagne, le Dr Johannes Faust vécut au début du XVIe siècle. Docteur en théologie, il rejeta cette dernière discipline et s’orienta vers la médecine, les mathématiques, l’astrologie et les Arts noirs.

Dans son introduction de 1924 à la pièce de Marlowe – écrite en 1588 – le professeur R.S. Knox évoque le « refus [de Faust] de se conformer aux limites imposées par les mortels », son insatisfaction vis-à-vis de la connaissance rationnelle et sa détermination à la dépasser, avec l’aide de Satan [24].

Dans ce but, Faust passa un pacte avec le Diable en vue d’assouvir son inextinguible soif de savoir. Sa volonté était entièrement tendue vers l’accession au divin comme Marlowe le souligne : « Un bon magicien est un dieu puissant. ». [25]

« Un combat passionné pour atteindre ce qui est hors de portée du commun des mortels (…), le but que Faust poursuit est de devenir un dieu ». La façon dont Marlowe illustre la légende de Faust lui donne une « signification comparable à celle de mythes vieux comme le monde, tels les récits d’Ève croquant dans la pomme ou de Prométhée défiant les dieux. Elle devient alors pour nous le symbole du combat superbe de l’humanité pour atteindre les étoiles et de la tragédie des aspirations infinies. »[26]

L’expression « aspirations infinies » résume en effet précisément le caractère faustien.

Ce thème devait être ultérieurement repris par Goethe et Spengler, ce dernier considérant la quête nietzschéenne du Surhomme comme la philosophie faustienne par excellence [27].

*

L’éclosion de l’âme faustienne

On peut déceler un « faustianisme » embryonnaire dans la légende d’Adam et Ève partageant le fruit défendu de l’arbre de la connaissance [28].

La mythique figure antique d’Odin est également assimilable à celle de Faust : en contrepartie de son sacrifice librement consenti et consistant à être pendu à l’Arbre du monde durant neuf nuits de souffrance, il reçut la sagesse des runes. Quelle différence avec la fable de Jésus [29] et de sa mort pitoyable en offrande à un dieu tyrannique !

« Je sais que je pendis

À l’arbre battu des vents

Neuf nuits pleines,

Blessé d’une lance et offert à Odin

Moi-même à moi-même offert.

À l’arbre dont nul

Ne sait d’où proviennent les racines.

*

Ils ne me donnèrent pas de pain

Ni de coupe d’hydromel

Je scrutais en bas ;

Hurlant

Ramassais les runes ;

De l’arbre je retombais. » [30]

*

La civilisation faustienne

Tel est le mythe de Faust. Dès lors, quel futur s’ouvre à nous ? Soit les idéologies, religions, morales et dogmes actuellement dominants l’emporteront et ramèneront, du fait de leur égalitarisme et de leur collectivisme, l’humanité à son état primitif et visqueux d’indifférenciation ; soit les hérétiques faustiens, à l’œuvre dans le domaine des arts, des sciences, de la philosophie, etc., triompheront et proclameront la civilisation faustienne nouvelle.

Rien – ni religion, ni dogme, ni morale – n’enchaînera l’esprit sous le régime faustien. L’âme faustienne pourra s’élever sans entraves. Les programmes spatiaux actuels ressembleront aux premiers pas d’un enfant en direction de l’infini.

Les balbutiements de l’ingénierie génétique contemporaine dont nous sommes les témoins, malgré les efforts contraires des moralisateurs humanistes-libéraux et religieux, s’intensifieront et placeront l’humanité sur le chemin du divin : l’homme pourra alors jouer au milieu des étoiles, ayant enfin rencontré son destin et atteint l’étape suivante de l’évolution, l’Homo Galactica.

*

Notes :

[1] [NdT] Götzen-Dämmerung oder wie man mit dem Hammer philosophiert.

[2] Anton LaVey, Les neuf péchés sataniques (The Nine Satanic Sins).

[3] Friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal (Jenseits von Gut und Böse).

[4] Anton LaVey, La Bible satanique (The Satanic Bible).

[5] Friedrich Nietzsche, Le crépuscule des idoles.

[6] Anton LaVey, La Bible satanique.

[7] Ainsi parlait Zarathoustra – Un livre pour tous et pour personne (Also sprach Zarathustra. Ein Buch für Alle und Keinen).

[8] Friedrich Nietzsche, L’Antéchrist – Imprécation contre le Christianisme (Der AntichristFluch auf das Christentum).

[9] Anton LaVey, La Bible satanique.

[10] Friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal.

[11] Anton LaVey, La Bible satanique.

[12] Friedrich Nietzsche, L’Antéchrist.

[13] Anton LaVey, Les rituels sataniques (The Satanic Rituals).

[14] Aleister Crowley, Liber Oz [NdT] Il s’agit en réalité d’une citation du Livre de la Loi rappelée dans le Liber Oz.

[15] Aleister Crowley, La Loi est pour tous (The Law is For All).

[16] The Book of the Law.

[17] Aleister Crowley, La Loi est pour tous.

[18] Genèse, 3,5. [NdT] Le texte de la Bible est le suivant : « mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez [de la pomme], vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ».

[19] Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.

[20] Aleister Crowley, La Loi est pour tous.

[21] Elmer Pendell, La raison pour laquelle les civilisations s’autodétruisent (Why Civilizations Self Destruct).

[22] [NdT] L’intitulé exact de la pièce de Christopher Marlowe (1564 – 1593) est L’histoire tragique de la vie et la mort du docteur Faust (The Tragical History of the Life and Death of Doctor Faustus – création entre 1588 et 1592). A ne pas confondre donc avec les Faust de Goethe (1749 – 1832), beaucoup plus tardifs (publication du premier en 1808 ; publication à titre posthume du second en 1832) et les multiples variations sur le même thème de nombreux autres auteurs.

[23] [NdT] L’auteur emploie le mot « daemon », forme vieillie qui a donné ensuite « demon » (démon) : il joue ici sur l’ambigüité entre la signification moderne du terme et le « daïmôn » des Grecs de l’Antiquité auquel son propos renvoie clairement.

[24] Prof. R.S. Knox, Introduction au Docteur Faust (Introduction to Doctor Faustus).

[25] Christopher Marlowe, Faust [NdT : voir note n° 27 ci-dessus], scène I.

[26] Prof. R.S. Knox, Introduction au Docteur Faust.

[27] Cf. Oswald Spengler, Le déclin de l’Occident – Esquisse d’une morphologie de l’histoire mondiale (Der Untergang des Abendlandes – Umrisse einer Morphologie der Weltgeschichte) et Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.

[28] Genèse, 2 et 3.

[29] [NdT] L’auteur emploie ici, ainsi que dans la suite du texte, la forme hébraïque « Yeshua ».

[30] L’Edda poétique : le Hàvamàl [NdT : 139 et 140].

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.