« True music, I mean real music with a real artistic intent, always has the potential of reaching a higher level of the consciousness or lower if you will »
Opus Diaboli est un DVD sorti en 2012 pour fêter le le treizième anniversaire du groupe de Black Metal suédois Watain. On y trouve des titres extraits du concert donné à Stockholm, ainsi que des passages d’interviews, entrecoupés de séquences filmiques illustrant la philosophie et l’engagement mystique du groupe, ou comme eux-mêmes l’expriment sur leur site : « ouvrant les yeux sur cette obscurité scintillante qu’est Watain ».
Les extraits ci-dessous ont été traduits avec l’aimable autorisation d’Erik Danielsson pour le site partenaire KAosphOruS.
I
Qu’une chose soit claire : le monde dans lequel vous vivez est une illusion. Simple et inconsistant, il ne contient rien qui soit susceptible de posséder une valeur durable. Le seul moyen pour y édifier quelque chose de véritablement digne et beau est de plonger le regard au-delà de ses frontières, de s’extraire de la banalité pour entrer en relation avec ce qui réside hors de la sécurité des formes établies – afin de pénétrer dans les terres sauvages du feu indompté et de l’antique Chaos dont tout artiste authentique est le porte-parole.
Un immense abîme se trouve entre notre monde et ce royaume. Un abîme que très peu sont capables de traverser. Mais à l’aide de la magie et par le biais de la communication avec le divin, il existe des moyens pour pénétrer cette vaste obscurité et atteindre ce qui réside au-delà, de construire des passerelles vers cet endroit merveilleux et terrible, hors des frontières de notre monde.
C’est ainsi que nous considérons les caractéristiques spirituelles de notre œuvre, et c’est pourquoi elle est divine. Elle agit comme un médiateur entre le haut et bas, un lien entre deux univers, et nous avons choisi de l’appeler Watain.
II
Cela s’est passé il y a de nombreuses années maudites, mais l’appel de l’innommable, de l’obscurité tentaculaire, résonne encore dans les couloirs et sous les voûtes des temples… Impénétrable au premier abord, hurlant depuis les abîmes glacés dans des langues inconnues, mais plus nous nous sommes enfoncés profondément, plus nous avons compris. Cela a parlé d’un océan de mort en mouvement, d’une éruption solaire allumant un carnage dans le désert, d’une violente tragédie plus terrible que n’importe quel tremblement de terre et plus noire que la peste. Et nous avancions, tiraillés par une faim dans nos veines d’une puissance que nous n’avions jamais ressentie… Nous marchions vers la chaleur, dans l’odeur fébrile de la mort et de la chair malade, et nous sommes arrivés au coucher du soleil. Tout cela était à nous… Et comme nous nous délections dans l’humidité morbide, détachant les derniers membres que nous arrachions avec nos crocs, étalant nos écailles dans les entrailles d’enfants humains et dévorant goulûment des restes de chiens, de prophètes et la chair brûlée des vierges…
…
Il était posé là comme un mirage grotesque dans le désert, en un endroit où le soleil refusait de briller : les restes de toute vie. Et nous les avons pris : les os fondus, les larmes, les insectes, les organes difformes et les têtes coupées, et nous avons commencé à construire un monument… Le septième jour, il se tenait là ; la moquerie ultime de l’existence, dégoulinant de sang et de sperme mort, un colosse géant de chair malformée, et même les rats ont fui son ombre…
III
Les anneaux brisés de notre mère dragon, ses yeux blancs aveugles brûlent profondément d’une colère plus ancienne que le temps ; le fondement même de toute folie et de toute hystérie ; des galaxies sont étouffées par les souffles nés du mouvement de sa queue. Autour de l’univers, elle se tord et convulse en spasmes sauvages de rage et d‘antique fureur divine, lointaine pourtant si proche. Aussi vaste que l’univers puisse paraître, il se glisse comme un insecte sous l’une de ses terribles écailles. Pour satisfaire notre mère, la plus grande des déesses, nous devons éteindre ce qui perturbe son sommeil, la lumière infecte qui s’étend avec la prétention arrogante de joindre sa réalité à la nôtre. Cette fausse lumière a déclaré la guerre à la GUERRE elle-même, et elle sera humiliée et éliminée. Nous sommes les germes nous glissant en secret depuis les cellules de notre sombre mère dans ce monde, nous sommes l’ennemi, les horreurs de la nuit, ses enfants bénis.
Divin est de notre devoir ; nous nous souvenons de notre patrimoine ; nous ne laissons pas la Paroketh bloquer le tunnel que nous avons creusé entre nous et le vaste océan de la tourmente, le Chaos rampant qui est notre véritable patrie. Chaque nuit nous rêvons de ses immenses feux sans ombre ; nous les avons inscrits dans nos cœurs comme un souvenir et le reflet de notre origine divine. Et désormais l’utérus de la mort, la tombe de toute vie résidant au-delà des étoiles, commence à s’ouvrir.
@Watain. Traduction française par Melmothia, 2014.
Pour jeter un coup d’œil au trailer, c’est par là : Trailer.
Le site du groupe : http://www.templeofwatain.com
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