La Voie de la Main Gauche / Le Left Hand Path
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« Or, quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire avec tous les saints anges, alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire.
Et toutes les nations seront assemblées devant lui, et il séparera les uns d’avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les boucs.
Et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. »
Évangile selon Matthieu (25, 31-33)
Dans les textes traditionnels tantriques, les appellations « Main droite » et « Main gauche » réfèrent à deux approches méthodologiques différentes ou, à la rigueur, deux sensibilités. Tandis que les adeptes de la Voie de la Main Droite (Dakshinachara) se consacrent à des pratiques telles que la méditation et l’ascétisme, ceux du sentier appelé Vamachara (ou Vamamarga) incluent dans leurs rites les interdits de la première voie, précisément « les cinq M » ou « cinq impuretés », c’est-à-dire la viande (Madya), le poisson (Mansa), le vin (Matsya), le grain frit (Mudra) et l’union sexuelle (Maithuna).
Mais il ne faut pas s’y tromper. Dans les deux cas, il s’agit de tantrisme, une approche dont la particularité est déjà d’élire comme véhicule privilégié ce que les autres spiritualités rejettent. Ou pour le dire à la mode indienne : pour le tantrisme, les cinq poisons de l’esprit seront les nectars mêmes de l’éveil :
« Derrière chaque passion, derrière chaque désir il existe un pouvoir, que l’initié doit conquérir comme on dresse un animal sauvage qui, une fois dompté, l’emmènera sur la voie de l’accomplissement. À l’origine de la colère, la haine ou la peur, à l’origine des désirs les plus puissants, se trouve une vibration, une énergie primordiale jusqu’où il faut remonter pour en faire le feu sacré de son véhicule d’illumination. Enchaîné par les passions, le monde ne peut être délivré que par elles » [1].
Si les adeptes de la Main Gauche suscitent une certaine méfiance chez leurs homologues tantriques plus modérés, ces divisions demeurent subjectives, le but des deux chemins demeurant grosso modo le même – la libération – et les techniques voisinent très souvent dans les textes.
Une autre façon, plus raccourcie, de différencier les deux expressions, est d’en questionner la forme. Une tradition veut que cette polarité vienne des représentations de Shiva dans lesquelles il brandit, dans sa main droite, le tambour appelant le monde à l’existence et dans sa main gauche, le feu destructeur. Une autre souligne que, dans les réunions tantriques, les adeptes qui pratiquent le rituel sexuel sont placés à la gauche du maître, les autres à sa droite – ce qui implique, en passant, qu’ils se tiennent dans la même pièce. Et il existe sans doute d’autres lectures.
Passée à l’Occident, à partir de 1870, et à la moulinette de quelques auteurs, l’appellation Main Gauche a été complètement réinvestie, au point qu’elle désigne aujourd’hui d’une façon très générale les voies obscures. Et par obscur, il faut surtout entendre que les définitions ne sont pas très claires.
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Les brebis
De notre côté du monde, l’expression « Voie de la Main Gauche » (en anglais Left Hand Path, couramment abrégé en LHP) fut employée pour la première fois par la théosophe Héléna Blavatsky avec une connotation très péjorative. Dans ses indigestes pavés, Isis dévoilée et la Doctrine secrète, parus respectivement en 1877 et en 1888, elle n’a de cesse d’opposer magie blanche / magie noire, une division qui existait avant elle, mais que ses œuvres vont grandement contribuer à populariser. Dans le deuxième ouvrage, « voie de la main gauche » devient synonyme de « magie noire ».On peut ainsi lire :
« La Bible, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, n’est qu’une série d’archives historiques de la grande lutte entre la Magie Blanche et la Magie Noire ; entre les Adeptes de la Voie de Droite, les Prophètes, et ceux de la Voie de Gauche, les Lévites, le Clergé des masses brutales ». Rien de moins. Plus loin : « Le symbole ésotérique du Kali Yuga est l’étoile à cinq branches renversée – le signe de la sorcellerie humaine – avec ses deux pointes (cornes) tournées vers le ciel, position que tout occultiste reconnaîtra comme appartenant à la magie de « la main gauche », et employée en magie cérémonielle » [2].
À son tour, Dion Fortune présentera les adeptes du Left Hand Path comme des sorciers maléfiques complotant à bâtir une « puissance astrale ». Dans un réquisitoire homophobe et ponctué de quelques pointes racistes, elle en fait des homosexuels adorateurs de Kali, avec pour cible C.W. Leadbeater et peut-être Aleister Crowley [3].
Ce dernier en remettra d’ailleurs une couche. Si ses disciples contemporains n’arrivent toujours pas décider s’ils portent à droite ou à gauche – je vous laisse imaginer les débats -, Crowley emploie l’expression pour désigner un « frère noir » ou un individu ayant échoué à traverser l’abîme.
Dans Sexual Sorcery, Jason Augustus Newcomb précise, avec une certaine ironie :
« Crowley considérait essentiellement comme des « frères noirs », les individus cherchant à limiter l’évolution humaine et la liberté, en ce compris ses ennemis personnels et la majorité des religions organisées, tout particulièrement le christianisme. « Ainsi leur fausse compassion est appelée compassion », prévient-il « et leur fausse compréhension est appelée compréhension, voilà leur sort le plus puissant ». On pourrait relever que le concept de « Frère noir » selon Crowley inclut les ascètes ayant renoncé aux rapports sexuels et tous les adeptes chastes ayant refusé de « verser leur sang dans la coupe ». Dans cette perspective, Crowley a tout simplement inversé le concept de main droite et main gauche. Il est amusant de noter que de nombreux ennemis de Crowley qu’il identifiait comme « frères noirs » appartenaient à la Société Théosophique, c’est-à-dire précisément au groupe se trouvant à l’origine de sa conception erronée de l’expression ‘main gauche’ » [4].
Le cafouillage se retrouve à l’identique chez Arthur Edward Waite qui évoque dans son Livre de la Magie cérémonielle : « l’horreur souveraine des Frères de la Voie de la Main Gauche, portant leur iniquité comme une auréole, et immortels dans le mal spirituel ». Ailleurs, il rappelle que la division magie noire / magie blanche est moderne, mais ne se montre pas plus tendre que Blavatsky :
« La vie occulte a parfois été fantasmatiquement divisée en deux classes d’adeptes, les Frères de la voie droite et les Frères de la voie gauche, le Bien transcendant et le Mal transcendant étant leurs buts respectifs, et d’un côté comme de l’autre, ils représentent quelque chose de complètement différent de ce que l’on entend classiquement par magie blanche et magie noire » [5].
Là-dessus, arrive le décidément nuisible Dennis Wheatley qui va populariser la confusion, au point qu’elle lui est parfois attribuée.
Passons le micro à Dave Evans :
« Les œuvres hostiles à la magie, racistes, anti-communistes et profondément salaces de l’auteur de best-sellers, Dennis Weatley, ainsi que les films qui furent, par la suite, adaptés de ses écrits, contribuèrent grandement à renforcer l’image négative du Left Hand Path et de ses adeptes, de la même façon que le firent les écrits de Dion Fortune […]. Dans la nouvelle Strange Conflict (1941), on peut lire :
« L’Ordre de la Voie de la Main Gauche… a ses adeptes… La voie des ténèbres s’est perpétuée dans l’horrible culte vaudou, qui a ses origines à Madagascar et s’est répandu en Afrique, le Continent Sombre, s’y installant pour des siècles et gagnant l’ouest de l’Inde avec le trafic des esclaves… »
[…] Dans la seconde moitié du 19e siècle, des découvertes médicales et psychiatriques furent effectuées, un peu partout en Europe, afin de catégoriser et de médicaliser les déviances et les dégénérescences sous leurs différentes formes. Ainsi que le souligne Foldy, cela incluait : « les maladies chroniques, les pathologies mentales, les perversions sexuelles, les opposants politiques et même les miséreux… L’étiquette « dégénéré » fut utilisée tellement souvent dans le discours populaire… que d’inévitables associations négatives naquirent. Si un individu se trouvait appartenir à l’une de ces catégories, il était fréquemment, par amalgame, soupçonné d’appartenir à toutes »[6]. C’est précisément la technique utilisée par Dennis Wheatley dans ses textes, à savoir attribuer tous les péchés possibles, les difformités, les défauts psychologiques et les maladies mentales à des boucs émissaires. De là, les adeptes du LHP seront physiquement repoussants, coupables d’un nombre encyclopédique de forfaits religieux, moraux, politiques et criminels, véhicules d’une amoralité possiblement contagieuse et « non anglaise », en tout cas, non patriotique.
[…] Il faut se rappeler que les best-sellers de Dennis Wheatley, très populaires, ont touché un lectorat bien plus large (auquel il faut ajouter les spectateurs des adaptations cinématographiques) que les ouvrages de Blavatsky, Waite, Fortune, Crowley et de tous les autres occultistes cumulés. En 1972, après 40 ans de carrière (en incluant une période d’interruption due à la guerre), Wheatley avait atteint le chiffre impressionnant de 30 millions de livres vendus » [7].
Je vous fais grâce des plumes suivantes. Durant un siècle, les appellations Main Droite / Main gauche vont s’enliser dans le générique blanc / noir, devenant « virales » pour reprendre l’expression de Phil Hine, au point de croiser, à l’ère moderne, de fulgurants anachronismes tels que le christianisme ou la kabbale qualifiés de « voie de la main droite », le raccourci le plus commun et surtout le plus insensé restant « moral » versus « amoral » – rappelons, à ce propos, que dans nos domaines, on est toujours le mage noir de quelqu’un d’autre :
« L’existence supposée de la « magie noire » est l’un des aspects les plus fascinants de l’occultisme moderne, ce concept agissant comme un miroir psychologique sombre – un terrain fertile pour les fantasmes individuels sur ce qui est interdit, mystérieux et tabou. Ce qui n’est pas compris, ce qu’on désire rejeter ou ce qui menace ses propres croyances peut alors être étiqueté « magie noire ».
Certains occultistes semblent même avoir besoin de l’idée de l’existence de la magie noire et des « magiciens noirs » pour raffermir leur propre image, de la même façon que certains chrétiens extrémistes ont besoin de croire en l’existence d’une conspiration satanique mondiale – justifiant leurs propres croyances et leurs actes […]. Ceux qui se sentent du « bon » côté dans le combat sont souvent plus dangereux que leurs « ennemis » supposés – le but noble d’anéantir les méchants justifiant toutes les méthodes et moyens d’action. Les militants pro-vie se sentent dans leur bon droit lorsqu’ils posent des bombes dans les cliniques où sont pratiqués des avortements.
[…] Il y a, pour certains occultistes, un indéniable romantisme à être impliqué dans ce genre de chose. Cela est dû en partie aux romans populaires occultes, notamment des classiques comme Les vierges de Satan de Dennis Wheatley et les œuvres de Dion Fortune. Dans la fiction la « Grande Fraternité Blanche » de Dion Fortune, un cénacle d’adeptes, œuvrant de façon désintéressée pour le bien de l’humanité, est amené à combattre diverses « loges noires » – des fraternités composées d’individus douteux qui magouillent dans la politique, le chantage, le transfert d’argent sale et utilisent sans doute les techniques de « magie noire » de Gareth Knight – l’homosexualité et la drogue. Ils sont dépeints dans les romans de Fortune comme plutôt bohèmes et décadents, contrairement aux mages blancs, conservateurs et austères. De même, il y a un certain charme pour certains occultistes à se déclarer « mage noir » ou « sataniste ». Si une étiquette véhicule des valeurs taboues ou choquantes, alors certaines personnes seront tentées de se l’agrafer à la veste » [8].
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Les boucs
Comme fréquemment, c’est à Kenneth Grant que revient l’honneur de la réhabilitation. Dans la préface de son Cults of the Shadow, paru en 1975, il présente le LHP comme le complément nécessaire du Right Hand Path et consacre ensuite une partie de l’ouvrage à en retracer l’historique. Seul problème : il le fait à sa façon. Après avoir plus ou moins affirmé que les dieux égyptiens descendaient des divinités vaudoues, il soutient que tantrisme a été importé d’Égypte et se lance dans des rapprochements étymologiques cocasses. La déesse Sekhmet devient ainsi la jumelle de Shakti. Et ce n’est pas ce qui arrive de pire aux divinités dans le livre.
Quoi qu’il en soit, le message sera entendu. Quelques années plus tard, le Left Hand Path sera devenu un chemin presque fréquentable. Mais, si Grant ressuscite la Voie de la Main Gauche pour en faire grosso modo un synonyme de magie sexuelle et d’exploration du côté obscur, l’expression va encore s’enrichir d’une nouvelle dimension pour désigner les courants à coloration « luciférienne » faisant porter l’accent sur l’individualisme et la liberté. Ceux qui tirent l’élastique dans ce sens se souviennent peut-être de la définition livrée par Julius Evola, en 1926. Discutable du point de vue des mystiques indiennes, elle résume assez bien ce que, de nos jours, la majorité entend par Left Hand Path :
« Il y a une différence importante entre les deux voies tantriques, écrit Evola, celle de la main droite et celle de la main gauche (les deux étant sous l’égide de Shiva). Dans la première voie, l’adepte perçoit toujours « quelqu’un » au-dessus de lui, même au plus haut niveau de son cheminement. Dans l’autre voie, l’adepte devient le souverain ultime (Chakravartin = souverain du monde) » [9].
En bout de course, les deux acceptions vont se mêler, additionnant perspective luciférienne et transgression des tabous. Nous voyons que, transposée d’une culture à une autre, l’expression conserve un certain air de famille, mais les pratiques se décalent. Dans l’Inde, par exemple, la consommation de viande constitue la violation d’un tabou difficile à évaluer pour l’Occident qui fera davantage porter l’accent sur les drogues ou le sexe. Comme l’écrit Mogg Morgan :
« La rupture des tabous augmente de la puissance de la magie et peut conduire à la réintégration et la libération ; par exemple la consommation de viande dans une communauté végétarienne peut avoir le même effet libérateur que la pénétration anale dans une société inhibée sexuellement ».
Après Kenneth Grant, Anton Szandor LaVey, qui fait décidément feu de tout bois, va à son tour s’enfiler dans la brèche :
« Le satanisme n’est pas une religion « blanche ». C’est une religion de la chair, des instincts, de la matière – de tout ce qui est gouverné par Satan, la personnification de la Voie de la Main Gauche » [10].
Tandis qu’Andrew D. Chumbley rappelle, avec un certain bon sens, que la majorité des gens possède deux mains, Phil Hine fait porter l’accent sur la soif de liberté qu’implique la pratique de la magie :
« Nous vivons dans un monde régi par de vastes systèmes englobants de contrôle social et personnel, qui nous gavent continuellement de cette idée que nous sommes seuls, faibles, et incapables de produire des changements dans l’univers qui nous entoure. La Magie porte sur ces possibilités de transformation. Elle nous propose de moduler les contingences extérieures de façon à mener notre vie avec une conscience toujours plus aiguë de notre responsabilité personnelle, sachant que chacun peut effectuer des changements s’il le désire, conscient de n’être pas un simple rouage impuissant dans un univers mécanique »[11].
Le Left Hand Path contemporain aura tendance à présenter les caractéristiques suivantes : L’antinomisme, c’est-à-dire le rejet des conventions sociales, des dogmes religieux et moraux ; la recherche de la liberté spirituelle, voire de l’auto déification ; l’adoption de techniques magiques traditionnellement considérées comme tabous, comme la magie sexuelle ou l’imagerie satanique.
Quelques citations piochées au gré d’internet qui permettent d’approcher une définition :
« la voie de la main gauche prône le recentrage sur le moi, la déification individuelle […]. La figure de l’Übermensch nietzschéen est l’exemple type de cette prise de conscience du moi individuel sur le moi collectif, de la prédominance de l’individu sur le groupe […]. La voie de la main gauche rejette toute notion de destinée ou d’entité supérieure à l’être ; chaque individu est son propre Dieu. La voie de la main gauche transforme le que votre volonté soit faite en que ma volonté soit faite »[12].
Ailleurs :
« La voie de la main gauche accepte toutes formes d’expérimentations et en particulier celles qui sont liées au sexe et à la destruction des tabous sociaux et religieux […] La voie de la main gauche est individualiste et recherche l’évolution et la conservation de l’ego. Par la haute sorcellerie, la voie sinistre se propose de conduire l’individu à une auto déification où aucune force supérieure n’a sa place au-dessus de lui. C’est un chemin d’évolution personnelle souvent apparenté au Luciférisme »[13].
Encore ailleurs :
« Les traditions appartenant au LHP ont tendance à rejeter les dogmes et / ou les pratiques religieuses traditionnelles au profit de techniques ou des conceptions généralement considérées comme « tabous ». Les pratiques de la voie de la Main Gauche sont généralement associés au satanisme, au sétianisme, à la magie qliphothique, à la magie noire et à diverses formes de paganisme sénestre. Toutefois, le terme en est arrivé à posséder des significations différentes selon la personne qui l’utilise et le contexte dans lequel il est employé […]. Dans un contexte kabbalistique, LHP qualifie des rituels ou des opérations magiques portant sur le pilier gauche de l’arbre de vie (le pilier de la « rigueur »), qui comprend les séphiroth Binah (compréhension), Geburah (pouvoir) et Hod (majesté). Dans certains cas, il renvoie à des rituels relatifs à ce qu’on appelle l’Arbre des Qliphoth, un retournement de l’Arbre de Vie constitué des « coquilles brisées » ou « déchets corporels » de l’organisme cosmique.
Dans diverses expressions du satanisme, le LHP peut être défini comme un chemin centré sur soi-même, consistant pour l’adepte à s’adorer comme son propre Dieu ou à chercher à devenir un Dieu sur terre ou après sa mort. Le terme fait également allusion à des pratiques telles que la magie sexuelle, les maléfices, la nécromancie, l’utilisation de symboles culturellement tabous, et le culte de (et / ou l’identification avec) des divinités ayant été rejetées par d’autres traditions.
D’autres tendront à qualifier de LHP pratiquement n’importe quel chemin qu’ils désapprouvent personnellement. Tout au long de l’histoire humaine, le côté gauche a toujours été lié à la saleté, de la colère et de la chair… » [14]
Hélas, une fois passée l’ère des visionnaires et à l’exception de quelques adeptes sérieux, la Voie de la Main gauche a majoritairement dégringolé dans le touche-pipi et la crise d’adolescence. Ceux qui s’en revendiquent ont tendance à oublier que cette voie n’est ni un prétexte à partouzes ni une thérapie visant à se libérer du « carcan » moral de papa-maman. Autrement dit, ils laissent de côté l’essentiel, à savoir que la transgression y est un moyen, non une finalité et que le LHP est une voie mystique – car, entre nous, il faut être franchement idiot pour croire que la « libération » évoquée dans les Tantra se réduit à brûler son soutien-gorge en hurlant « mort aux vaches » ou à glisser un doigt dans l’anus de sa copine.
Or, si l’on adopte un point de vue non idéologique, mais strictement technique, la division s’efface et la dyade Main Droite / Main Gauche n’a plus véritablement court.
Rappelons que dans les rencontres tantriques, les adeptes qui pratiquent le rituel sexuel sont placés à la gauche du maître, les autres à sa droite.
La solution est donc peut-être de se mettre en cercle.
Melmothia, 2014.
Illustration pour la couverture du livre Les vierges de Satan, Dennis Wheatley, par Jean-Michel Nicollet, 1973.
Notes :
[1] « Le tantrisme », 2011, sur le site Reconversion.
[2] La doctrine secrète, synthèse de la science de la religion et de la philosophie, H.P. Blavatsky, 1938.
[3] A propos des accusations liées à l’homosexualité et de son lien avec le Left Hand Path, voir l’article de Phil Hine, disponible en ligne : “Breeding Devils in Chaos: Homosexuality & the Occult”, 1991.
[4] Sexual Sorcery : A Complete Guide To Sex Magick, Jason Augustus Newcomb, Weiser, 2005.
[5] The book of ceremonial magic : The Secret Tradition in Goëtia, including the rites and mysteries of Goëtic theurgy, sorcery and infernal necromancy, Arthur Edward Waite, Londres, 1913.
[6] Michael S. Foldy, The Trials of Oscar Wilde : Deviance, Morality, and Late-Victorian Society, Yale University Press, 1997.
[7]Dave Evans, The History of British Magic After Crowley, Hidden Publishing, 2007.
[8] « Black magic and the left-hand path », Phil Hine. Sur le site de Phil Hine.
[9] Le Yoga tantrique, Julius Evola, 1949 (première édition en 1926 sous le titre L’homme comme puissance).
[10] The Satanic Bible, Anton LaVey, 1969.
[11]Phil Hine, Chaos prêt à cuire, 1992. Disponible sur Kaosphorus.
[12] « La voie de la main gauche, essai de définition », Kirik, pour le site Lux Tenebrae.
[13] « Les Arts Noirs de la Voie de la Main Gauche », Exu Dragon, pour le site Dragon souterrain.
[14] « The Left Hand Path », Cassie & Sophie, 2012. Sur le site Devil’s Advocate.
Très chouette article. J’ai été personnellement fortement impressionné par la lecture de « A la main gauche de Dieu » de Svoboda. Il s’agit du premier tome d’une excellente trilogie (enfin j’ai pas fini encore c’est dense) et le seul à avoir été traduit en Français. On y parle de Tantra old school et de la rigueur nécessaire à la pratique de la voie sinistre.
Merci de nous rappeler que la Main Gauche c’est plus que le grand lupanar cosmique.