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L’hystéron-protéron est une figure rhétorique consistant à présenter, dans une phrase, les termes ou les actions dans un ordre contraire à la chronologie ou à la logique.
Nous rappelons que ce texte est donné à titre informatif, afin de présenter une partie des doctrines et pratiques de l’ONA et que les administrateurs de ce site n’encouragent, d’aucune façon, le sacrifice humain ni, plus généralement, la violence. Nous invitons les lecteurs à faire preuve de recul et de sens critique.
Cette traduction a été originellement publiée, via l’Astral Bone Gnawers (ABG) Lodge sur le site ONA International. Un grand merci à l’auteur de la traduction qui nous a offert de la publier sur ce site.
Mel
La pratique du mal dans son contexte
Faire le mal (cf. les manuscrits de l’Ordre intitulés Satanisme, sacrifice et crime – la Vérité satanique et Satanisme, la révélation de l’ombre sinistre etc.) est un aspect essentiel du Satanisme – pour le novice. Cela forme le caractère satanique, permet de s’assurer de sa Destinée et ainsi de suite. Cependant, il ne s’agit que d’un aspect du Satanisme, qui doit être compris dans un contexte précis. Ce contexte est celui de la formation du novice. Ces pratiques, ainsi que d’autres expériences sombres et sinistres, ne sont qu’un commencement, la fondation qui rend possible les progrès ultérieurs. Elles constituent aussi des épreuves de sélection – ceux qui sont réellement sataniques survivent, les autres, non, les raisons importent peu.
Ces pratiques amènent en outre à l’accomplissement d’une synthèse. Elles sont, pour l’essentiel, des expériences d’apprentissage. L’auto-formation à l’origine de laquelle elles se trouvent (chez ceux qui les surmontent du moins) produit, au fil du temps, une certaine transcendance, de nouveaux commencements et de nouvelles étapes dans le cheminement satanique. Il est crucial que les novices comprennent ceci : les expériences doivent être vécues et dominées, il convient de faire face aux changements intérieurs et extérieurs qu’elles causent, puis de les maîtriser. C’est rarement facile, c’est ainsi que les choses doivent être pour ceux qui sont en quête de l’essence.
Les expériences procurées par le fait de « vivre sur le fil » occupent le novice pendant quelques années, jusqu’au Rituel de passage au grade d’Adepte interne. Ce rituel le propulse vers une découverte de lui-même plus approfondie – ou le détruit. Ceux qui réussissent ont alors de nouvelles tâches à accomplir, de nouveaux modes de vie à adopter qui leurs sont propres et expriment leur Destin unique. Cependant, il est indispensable de bien comprendre (et j’insiste là-dessus à nouveau) que poser ces fondations difficiles est nécessaire : sans elles, aucun progrès ultérieur n’est possible. En effet, l’Adeptat requiert nécessairement ces fondations solides, la compréhension de soi que ces expériences apportent.
Il convient également de signaler qu’une seule expérience – deux le cas échéant – de ce type est suffisante si elle est réellement maléfique. Aucune expérience ne doit devenir un fétiche (à savoir un signe de faiblesse), elle doit servir à apprendre et, une fois l’apprentissage effectué, il faut cesser et passer à autre chose. Cet apprentissage implique bien évidemment l’honnêteté intellectuelle, l’autocritique, la capacité d’évaluation et l’exercice du jugement. Bien sûr, ces choses se font de manière dynamique, jamais avec mollesse. Si tel est le cas, c’est qu’il y a une faiblesse de caractère. Une seule suffit pour empêcher de s’améliorer, d’aller de l’avant. Les vrais Satanistes possèdent naturellement l’arrogante confiance en soi nécessaire à tout cela ; leurs imitateurs sont soit trop critiques, soit, plus rarement, pas assez. Il en résulte que le Sataniste s’efforce d’atteindre un équilibre dynamique ou une tension entre l’évaluation/le jugement critique d’une part et, d’autre part, la confiance/l’arrogance et que cet équilibre s’obtient habituellement par l’expérience. Cet équilibre est la marque d’un Adepte.
On utilisera deux exemples pour illustrer ce point. Le premier concerne une jeune femme qui chercha et trouva un groupe déjà existant au sein duquel elle devint une Initiée. Elle en étudia les enseignements, en entreprit les travaux hermétiques et participa à des cérémonies rituelles. Quelques mois plus tard, elle s’engagea dans le Rite de passage au grade d’Adepte externe et commença à engranger de l’expérience en endossant certains « rôles ». Le premier qu’elle sélectionna fut celui de la sorcière sinistre et séductrice. Elle s’amusa beaucoup, séduisant et manipulant, explorant sa sexualité par le biais du sadisme, du lesbianisme et des orgies. Après six mois, sentant qu’elle en avait suffisamment appris, elle arrêta pour former son propre Temple et prendre le rôle de la « Maîtresse ». En conséquence, elle fit du recrutement, organisa des cérémonies rituelles, prodigua des enseignements, des Initiations etc. Elle apprit plus de techniques de manipulation et développa ses compétences dans toutes les formes de magick. Au bout d’un an, elle décida qu’elle avait assez profité de ce rôle.
Alors, sur les conseils de la personne qui l’avait guidée jusque-là, elle rejoignit un groupe politique radical et joua le rôle d’activiste révolutionnaire. Elle endura et infligea de la violence, fut arrêtée quelque fois. Aux confins de ce nouveau monde, elle obtint une réputation de fanatique intransigeante. Graduellement, elle fut ensuite attirée dans une entreprise clandestine de nature incertaine et entraînée à la lutte armée révolutionnaire. Elle rendit visite à des camarades dans d’autres pays et participa à quelques opérations, au cours desquelles elle tua. Elle avait bien sûr choisi sa victime selon les principes sataniques, mais son choix, aux yeux de ses camarades semblait découler de ses croyances révolutionnaires.
Quelques mois passèrent puis elle se retira de cette activité clandestine et abandonna ses engagements politiques. Elle fit en sorte de rendre cette démarche plausible pour ses camarades. Elle entreprit ensuite le Rituel de passage au grade d’Adepte interne et déménagea à l’étranger, pour des raisons apparemment tout à fait respectables. Progressivement (et avec l’aide d’un ancien camarade de sa période révolutionnaire), elle gagna subtilement de l’influence dans le travail qu’elle avait choisi. Secrètement, elle forma et guida deux élèves dans les voies du Satanisme. En raison de son caractère unique et fort, elle était respectée, et même un peu crainte, par ceux qui ne savaient rien de son passé et de son allégeance secrète au Satanisme. Elle rassembla autour d’elle un petit cercle d’admirateurs (principalement des jeunes hommes, dont certains étaient ses amants) et les cultiva, exotériquement, comme toute bonne Maîtresse satanique devrait le faire. Ils ne savaient bien sûr rien de sa vie secrète, sauf il elle décidait de le leur faire savoir. Elle en guida alors quelques-uns, tirant partie peut-être de certains traits de leur caractère ou de quelques talents…
Le second exemple est relatif à un jeune homme. Après s’être impliqué dans divers groupes occultes et avoir essayé plusieurs voies, il fit la rencontre d’un Maître satanique qui accepta de le guider. Il commença ainsi à suivre la sinistre Voie septuple : travaux hermétiques, épreuves physiques, Adeptat externe. Il rencontra une personne qui devint son compagnon magick et, ensemble, ils formèrent un Temple. Ils prirent la décision d’en faire un Temple authentique, c’est-à-dire destiné à l’Initiation et à la formation de Satanistes et pas seulement à leur plaisir et leur apprentissage propres. Donc, ils trouvèrent, testèrent, initièrent et formèrent des individus adaptés. Cela prit plus d’un an. Les rituels cérémoniels furent accomplis. Leurs novices passèrent des épreuves, accumulèrent de l’expérience en jouant des rôles etc.
Insensiblement le Temple lia, de façon ésotérique, la totalité de ses sept membres investis dans le Satanisme et travaillant tous ensemble. Ils convinrent de réaliser la Cérémonie du rappel : on requerra l’avis du Maître qui avait initialement guidé le jeune homme et il conseilla à ce dernier d’entreprendre d’abord le Rituel de passage au grade d’Adepte interne, après quoi, s’il le désirait toujours, il pourrait procéder à la cérémonie. Sous réserve, évidemment, que le Temple adhère aux principes de sélection et de test des opfers. Après le Rituel, le Temple commença à s’organiser en vue de la Cérémonie, ce qui prit plus de six mois. Ils menèrent la Cérémonie qui fut une réussite : ils canalisèrent l’énergie nécessaire pour atteindre leur but éonique. Graduellement, les savoirs et les compétences du Temple s’élargirent, améliorant la vie de ses membres et favorisant la dialectique sinistre. Ils devinrent des experts du Chant ésotérique sinistre, faisant du Temple un nexion. Ils décidèrent de rester dans l’ombre, ne recrutant qu’en cas de nécessité (environ tous les dix ans tranchèrent-ils), et continuèrent de mener leurs vies « ordinaires ». Ils s’accordèrent également sur le fait de perpétuer une tradition et d’accomplir la Cérémonie tous les dix-sept ans…
En conclusion, dans le premier exemple, la jeune femme apprend de ses actions, vivant de nouvelles expériences et accédant à des étapes nouvelles de son évolution. Elle découvre et accepte sa Destinée, celle d’une Maîtresse satanique, enseignant à quelques élèves et appréciant les bienfaits que son style de vie lui procure. Son influence satanique est secrète et subtile : sa profession fait partie de sa Destinée et elle l’utilise pour promouvoir la dialectique sinistre, pour promouvoir certaines choses, changeant et influençant discrètement les autres.
Dans le second exemple, le jeune homme apprend aussi et progresse le long de la voie satanique. Sa destinée est liée à celle de son compagnon et du Temple qu’ils ont fondé. Ils ont créé une forme magick secrète et assez puissante et l’utilisent afin d’amener le changement et l’altération conformément à leurs croyances sataniques.
Dans ces deux cas, les expériences mènent à la compréhension de soi et rendent possible la progression sur la voie. La jeune femme et le jeune homme vivent à la manière de la plupart des Satanistes : secrètement, en dissimulant leur travail. Tous deux, chacun à sa façon, contribuent à la cause satanique. Tous deux ont un caractère satanique et continueront probablement – si tel est leur souhait – à avancer vers l’Abîme et au-delà, leur avenir rendu possible par leur passé ténébreux qui, bien que révolu, n’est pas oublié.
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Directives pour le test des opfers (1988eh)
Un principe fondamental du Satanisme traditionnel est que toutes les opfers envisagées fassent l’objet de plusieurs épreuves avant de le devenir réellement lors d’une cérémonie ou dans d’autres circonstances.
L’objet de ces tests est d’être équitable avec la victime choisie et de vérifier si elle présente les faiblesses de caractère qui en font une opfer convenable. La victime est choisie en conformité avec la pratique satanique : parmi ceux dont l’élimination aidera la dialectique sinistre par exemple, parmi ceux qui ont fait ou font obstacle au Satanisme en général, ou parmi ceux qui ont été jugés par un Maître ou une Maîtresse (ou par quelqu’un d’un grade plus élevé) comme méritant la justice/vengeance satanique en raison d’une ou plusieurs de leurs actions. Une fois la victime sélectionnée, le Maître ou la Maîtresse du Temple ou du groupe souhaitant accomplir le sacrifice a le devoir de désigner – et d’entraîner, éventuellement – ceux de ses membres qui conviennent pour préparer et réaliser les tests.
Par principe, en aucun cas et quelles qu’en soient les raisons, l’opfer ne doit être informée directement ou indirectement du fait qu’elle est testée, sous peine d’invalider l’épreuve.
Les tests sont conçus de façon à ce que la victime puisse choisir entre plusieurs réactions possibles, l’une positive et l’autre négative. Un mauvais choix entraîne un nouveau test, à un autre moment, dans un lieu différent. Si la réaction de la victime n’est, à nouveau, pas la bonne, elle est alors considérée comme convenable et devient une opfer. Parfois néanmoins, une troisième épreuve peut être jugée nécessaire par le Maître ou la Maîtresse.
Les tests doivent avoir l’air d’incidents de la vie de tous les jours tels que ceux auxquels la victime peut s’attendre dans la société de son époque. Les tests visent à éprouver le caractère de la victime, à révéler sa vraie nature. Les qualités sataniques, positives, sont le courage, l’audace, le goût du défi etc. Les défauts sont la couardise, la crainte servile, la perfidie etc. Il appartient au Maître ou à la Maîtresse de faire appel à son jugement, son expérience et son savoir afin d’élaborer les tests adaptés pour chercher à déterminer si la victime possède les caractéristiques jugées requises. Foncièrement, si elle convient pour être sacrifiée, la victime doit manifester un caractère faible et manquer de qualités sataniques telles que la noblesse et l’excellence.
Un exemple illustrera mieux le type de test auquel il convient de recourir. La victime est ici un homme et il y a besoin de quatre complices, dont deux sont des femmes, pour la réalisation de l’épreuve. La victime a été placée sous surveillance pendant quelque temps, et ses routines, habitudes etc. ont été relevées. Il apparaît qu’elle a un faible certain pour les jeunes femmes. Une des femmes est désignée pour « l’allumer » dans le cadre du test après l’avoir rencontré « par hasard » dans un lieu qu’il fréquente. Elle manifeste à son égard un intérêt sexuel subtil. Si l’homme réagit comme on s’attend à ce qu’il le fasse, il proposera un autre rendez-vous, qu’elle acceptera (s’il ne le suggère pas lui-même, elle le fera). Elle en fixe le lieu et le moment, de façon à ce que peu de personnes – voire aucune – ne soient susceptibles de s’y trouver au moment choisi.
Lors de cette « convocation », l’homme est observé par les trois autres complices (deux hommes et une femme) qui doivent mener le test véritable à partir du moment qu’ils jugeront opportun. [Si la victime ne se montre pas, la première femme le rencontrera à nouveau « par hasard » et proposera un autre rendez-vous. Si ce n’est pas possible, un autre test sera élaboré]. Pendant qu’il attend son rendez-vous, la seconde femme passe près de l’homme en s’assurant qu’il la remarque. Les deux autres hommes entrent alors en scène et commencent à la harceler, en paroles dans un premier temps, puis à la « malmener » physiquement et à tenter de l’entraîner ailleurs (dans une voiture probablement). Elle crie pour obtenir de l’aide. Le test consiste à voir comment la victime va réagir, quel va être son choix. Elle a deux options : ne rien faire et faire semblant de n’avoir rien entendu/remarqué (mauvais choix) ou secourir la dame. [Note : « secourir » consiste ici à essayer réellement de sauver la femme, pas juste à faiblement demander à ses agresseurs d’arrêter]. Si l’homme vient à son aide, les deux complices s’enfuient et elle le remercie vivement. S’il ne fait rien, il a échoué au test en révélant sa nature de lâche. Le Maître ou la Maîtresse aura discrètement assisté à la scène, à distance.
La performance théâtrale des membres du Temple durant le test doit être absolument convaincante et leur synchronisation parfaite. Dans tous les aspects de l’épreuve – de la surveillance initiale à son exécution proprement dite – ils doivent être professionnels.
Cet exemple montre que les tests sont assez complexes : ils requièrent de la planification, des répétitions etc. Cette planification, ainsi que la surveillance, peuvent durer plusieurs mois. Rien, ou presque, ne doit être laissé au hasard dans la réalisation des épreuves. Les résultats justifient néanmoins l’opération : tout d’abord, il y a une victime potentielle pour un sacrifice, permettant d’atteindre la quintessence du rituel satanique à accomplir ; ensuite, il y a l’investissement de tout le Temple (dans l’organisation, le choix des victimes, les répétitions et, finalement, la mise en œuvre). Cette implication, du choix initial au test final, est un acte magick étendu, empli de l’essence satanique en ce qu’il crée et manifeste les énergies sinistres, aide au développement des compétences et du caractère sataniques et rassemble les membres du groupe d’une façon qui les fortifie. Ainsi, cette implication est un prélude au sacrifice et, même si la victime n’est pas retenue car ses choix lors du test ont prouvé qu’elle ne convenait pas, l’effort aura été extrêmement profitable en termes de développement du caractère, des savoirs et compétences des membres, et magickement.
La décision du Maître ou de la Maîtresse concernant le résultat d’un test est définitive et irrévocable. Il convient de souligner que les tests donnent des chances raisonnables à la victime et qu’ils servent à confirmer ou infirmer qu’elle convient – avant même que les tests soient planifiés, la victime a été sélectionnée comme une opfer probable par le Maître ou la Maîtresse utilisant son sens du jugement.
Les opfers sont un exemple de sélection humaine pratique.
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La dialectique sinistre
La dialectique sinistre (parfois appelée la dialectique sinistre de l’histoire) est le nom donné à la Stratégie satanique qui consiste (a) en l’usage de la Magick noire afin de changer les individus et les évènements à une échelle significative ; (b) à contrôler et influencer ; et (c) à utiliser des formes sataniques (individus, influences etc.) pour produire/provoquer des changements.
Cette stratégie, et les tactiques nécessaires pour la mettre en œuvre, sont ésotériques et leur apprentissage constitue une partie importante de la formation du novice. La Stratégie satanique s’appuie/est fondée sur l’Eonique, cette dernière constituant un moyen d’étudier rationnellement les schémas, processus et énergies, causaux et acausaux, qui ont façonné et façonnent encore les individus et leurs regroupements, des sociétés aux civilisations. De plus, l’Eonique est un outil pour interpréter les évènements et tendances récents et permet de prédire (dans une certaine limite) les schémas futurs.
[Une introduction basique à l’Eonique est donnée dans les manuscrits de l’Ordre relatifs à ce sujet. Une étude plus approfondie nécessite d’être performant au jeu de l’Etoile, dans sa version avancée [1].]
I Fondamentalement, la dialectique se rapporte à une opposition simple – à la mise au défi de ce qui est conventionnellement accepté à une époque donnée. C’est une hérésie : jouer le rôle de l’Adversaire, défier les normes à la fois conscientes et inconscientes. Cette opposition fonctionne à deux niveaux, celui de l’individu et celui de la société. 1) A l’échelle individuelle, la stratégie consiste à créer des occasions de découvrir ce qu’il y a de caché/d’interdit dans sa propre psyché, ou à se diriger/s’orienter dans cette direction. Il s’agit de catharsis individuelle. 2) A l’échelle de la société, cette stratégie consiste pour les individus et les organisations sataniques à disséminer (souvent, sans que cela n’apparaisse comme satanique) des idées hérétiques ou à les encourager. Dans les deux cas, il s’agit d’un défi, et ainsi de provoquer le changement, une réaction.
A l’heure actuelle, l’opposition à l’échelle individuelle renvoie à des rites tels que la Messe noire [cf. le manuscrit de l’Ordre intitulé Le Satanisme, le blasphème et la Messe noire [2]] et à d’autres méthodes de libération intérieure. L’opposition à l’échelle de la société signifie de soutenir ce qui est réellement hérétique, maintenant : (a) l’inégalité (raciale en particulier), (b) le concept de guerre et (c) les discussions/la diffusion d’informations/l’échange d’idée relatives à ce qui est véritablement hérétique, au regard de la loi, et qui, la plupart du temps, est ignoré par la majorité, en accord avec sa nature passive, ou le fait d’en faire triompher la cause. Il en est ainsi de certaines opinions relatives aux évènements de la 2nde guerre mondiale dont la propagation est interdite et peut conduire à l’emprisonnement (par exemple, nier la réalité de « l’Holocauste »). Par ailleurs, l’opposition au niveau social signifie également de nos jours de contrer la morale répressive malsaine et contre-nature des Nazaréens.
Ce ne sont toutefois que des tactiques. Pour atteindre des objectifs stratégiques de plus grande ampleur. Ce sont des moyens, seulement des moyens. Ces moyens peuvent changer et changent effectivement avec le temps, avec les sociétés. Ainsi, concernant le (2)(a) ci-dessus, dans une société tyranniquement inégalitaire, la tactique consisterait probablement à soutenir les tendances égalitaires.
II A un niveau plus élevé, la dialectique porte sur l’évolution à long-terme – sur la création et sur l’évolution des civilisations, et, ultimement, sur la création d’un nouveau type d’individu, d’une nouvelle espèce. Cela consiste à altérer notre évolution, à l’orienter vers le « Satanique ».
Deux choses, ou plutôt deux approches tactiques, en découlent. (1) Rendre les individus capables de se changer eux-mêmes, d’évoluer consciemment et de devenir de cette façon acteurs du processus évolutionnaire. (2) Changer/influencer les structures (comme les sociétés) afin d’en faire les instruments de cette évolution ou que, au moins, elles ne l’entravent pas.
Le premier point nécessite des choses telles que la Magick externe et interne – le fait de suivre la sinistre Voie septuple – et le second, la Magick éonique (e.g. la création de nouvelles formes ou images archétypales et l’infection de la psyché des autres qui en résulte) ainsi que de croître en influence et d’user de cette dernière.
Il faut bien comprendre que, si les tactiques évoquées dans le § I ci-dessus peuvent changer et changent effectivement, celles employées pour atteindre les objectifs détaillés au § II demeurent, pour l’essentiel, les mêmes, car elles ont un but précis. En outre, à bien des égards, le I contribue au II, c’est-à-dire que l’opposition à une idée établie ou à un dogme correspondant à une époque donnée provoque un changement et conduit à une nouvelle synthèse – donc, au développement de la capacité de compréhension consciente des individus, à la progression de la dialectique sinistre à un niveau plus élevé.
Essentiellement, le I renvoie au Satanisme exotérique, le II au Satanisme ésotérique. Cette distinction est nécessaire car les moyens du I varient avec le temps (au cours des siècles) alors que ceux du II restent relativement inchangés et, trop souvent, les novices prennent une tactique utilisée dans le premier cadre (comme la politique) pour quelque chose de Satanique, cependant qu’il ne s’agit que d’une tactique, d’un moyen, d’une forme.
La raison pour laquelle il y a, dans le Satanisme authentique du moins, une stratégie sinistre – une dimension supra-individuelle – est simple : c’est dans la nature même du Satanisme (du Satanisme authentique en tout cas). Dans sa dimension la plus élevée, le Satanisme se préoccupe du « changement cosmique » – il est une expression de l’évolution de l’existence consciente. L’évolution est une chose à laquelle nous, en tant qu’êtres conscients, pouvons participer et que, de fait, nous créons – en agissant de la sorte, nous accroissons l’étendue de notre être, réalisant (et dépassant) notre potentiel et affirmant notre existence de la façon la plus intense qui soit. Présenté autrement (en des termes développés récemment pour expliquer de telles choses, c’est-à-dire pour les rendre plus accessibles à la conscience et donc plus contrôlables), le Satanisme, à travers les nexions, accède à l’acausal et renforce la présence de ce dernier dans le causal. Ces nexions peuvent être psychiques (dans la psyché des individus), physiques (des lieux sur Terre où le causal et l’acausal s’interpénètrent ou sont proches) ou créés par des rites magicks.
L’Eonique et la dialectique sinistre sont des moyens d’améliorer nos existences individuelles – ils nous offrent non seulement la possibilité d’amplifier notre conscience et d’augmenter nos capacités, mais également de les utiliser.
Correctement compris, le Satanisme est donc plus que la glorification de l’égo, l’abandon aux plaisirs ou un genre de connaissance purement intellectuelle, « ésotérique ». C’est aussi plus que de simplement vivre « sur le fil » et de profiter d’expériences sombres ou autres : cela n’est qu’une étape [cf. le manuscrit La pratique du mal dans son contexte plus haut].
Dans son essence, la dialectique sinistre est le Satanisme et les Satanistes en action – ce sont les Satanistes jouant à dieu : s’altérant eux-mêmes, les autres, les sociétés, la civilisation et l’évolution même. C’est le projet de la dialectique sinistre, et la justification de la Stratégie sinistre.
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NOTES :
[1] Star Game/Advanced Star Game.
[2] Satanism, Blasphemy and the Black Mass.